Guerre ouverte entre le MCAF et l’avocat du consulat général d’Algérie
L’avocat du consulat général d'Algérie à Paris, Me Khaled Lasbeur, s’est distingué cette semaine par une sortie pour le moins surprenante en s’attaquant de manière peu amène au très remuant Omar Aït Mokhtar, coordinateur du Mouvement citoyen algérien en France (MCAF). La présence de ce dernier sur le terrain des luttes citoyennes n’a apparemment pas laissé indifférents la représentation diplomatique et tout le beau monde qui gravite autour. Si le MCAF a beaucoup fait parler de lui, il y a quelques semaines, en décidant de se constituer partie civile dans l’affaire de corruption qui secoue Sonatrach, demandant à la justice française la saisie des biens des personnes mises en cause, c’est sans aucun doute sa dernière dénonciation en date qui lui a attiré les foudres du consulat et de son avocat. Le mouvement avait, en effet, réclamé toute la vérité sur l’affaire des 200 000 euros versés par le consulat pour payer la caution de Cheb Mami. Et c’est cela qui aurait incité le vénérable avocat, certainement sur ordre de ses mandants, à monter au front pour tenter de faire taire cette voix qui, visiblement, commence à déranger. Me Lasbeur continuera donc à prendre ses honoraires, non pas pour se mettre à la disposition de nos ressortissants installés dans l’Hexagone, mais pour défendre des intérêts qui ne sont pas forcément ceux de l’Etat algérien souverain. Il se permet même de donner quelques leçons de nationalisme, un nationalisme bien particulier. «Personnellement, j'ai peur de ceux qui entachent l'image de l’Algérie et ses institutions alors qu'ils sont à l'extérieur du pays.» Le message est loin d’être sibyllin : dénoncer les corrompus, c’est porter atteinte à l’image du pays. Drôle de mélange des genres. N’a-t-on pas le droit de réclamer, en citoyen consciencieux, toute la lumière sur cette affaire des 200 000 euros payés, par ricochet, par le contribuable algérien pour la libération d’un artiste qui devait répondre de ses actes comme n’importe quelle autre personne poursuivie pour des faits d’une gravité avérée ? Quoi qu’il en soit, le MCAF a assuré qu’il ne se laissera pas intimider par cette sortie de Me Lasbeur et a décidé de passer à l’offensive en saisissant l’Ordre des avocats de Paris. Affaire à suivre.
Amine Sadek
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