Belani : «Les propos de Chabat constituent une dérive dangereuse»
«Les propos attribués par les médias marocains au secrétaire général du parti de l’Istiqlal sont particulièrement graves et inacceptables», affirme Amar Belani, porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, dans une déclaration adressée à Algeriepatriotique. «Ils constituent une dérive dangereuse et irresponsable que nous condamnons avec la plus grande force», ajoute Amar Belani qui précise que «la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'intangibilité des frontières de l'Algérie ne sauraient, en aucune manière et sous aucun prétexte, faire l'objet de manœuvres partisanes ou politiciennes irréfléchies qui minent le bon voisinage». Pour le porte-parole du MAE, «ce responsable, qui a déjà tenu des propos similaires dans le passé récent, serait bien avisé de ne pas persévérer dans la provocation et l'aventurisme qui consistent à contester la Convention relative au tracé de la frontière d'Etat établie entre la République algérienne démocratique et populaire et le royaume du Maroc, signée 15 juin 1972, qui comporte des cartes annexées à la Convention et qui a fait l'objet d'enregistrement auprès du secrétariat général des Nations unies». Le secrétaire général du parti marocain l’Istiqlal, Abdelhamid Chabat, avait appelé, dans un meeting animé à Rabat, à envahir Tindouf ainsi que d’autres villes algériennes frontalières du Maroc par les forces armées marocaines. Cette provocation, aussi extravagante que burlesque, n’a pas donné lieu à une réaction officielle du gouvernement algérien, de même que Rabat n’a en aucun cas tenté de corriger le tir, au moment où le Palais multiplie les exhortations pour la réouverture de la frontière fermée du côté algérien depuis 1994. La sortie inattendue du leader politique marocain, ce mercredi, intervient dans un contexte particulier, marqué par des échecs en série de la diplomatie marocaine dans le dossier sahraoui et celui des droits de l’Homme. Elle intervient aussi dans une conjoncture économique désastreuse qui pousse les autorités marocaines à s’endetter dangereusement pour éviter un glissement périlleux vers la violence et le déclenchement d’émeutes à grande échelle qui pourraient aboutir jusqu’à la destitution d’une monarchie chancelante. Les différents appels du pied de Mohammed VI à l’adresse d’Alger pour la réouverture de la frontière sont restés vains. D’où, sans doute, cette «déviation» du regard vers le voisin de l’est, souffre-douleur du royaume alaouite depuis des décades.
Sarah L.
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