L’exemple d’«en haut»
Par Kamel Moulfi – Depuis que les accusations de corruption tombent sur des ministres en poste, lesquelles remontent à au moins une trentaine d’années, d’abord sous forme de rumeurs insistantes plus ou moins fondées, du temps du système du parti unique, puis directement dans les médias après l’instauration de la liberté de la presse, et maintenant sur les sites d’information électroniques et les réseaux sociaux, aucune personnalité concernée n’a réagi de façon significative, en dehors d’une vague dénégation ou d’une marque de mépris à peine cachée. Comme si les responsables politiques visés se contentaient d’un «cause, toujours, tu m’intéresses», persuadés que la sanction ne viendrait jamais et convaincus que l’opinion publique ulcérée ne comptait que pour du beurre. Auront-ils le courage de démissionner face à des accusations infamantes d’atteinte à la probité, qui vont de la corruption à la concussion en passant par le trafic d’influence, le favoritisme, le népotisme, le clientélisme ? Ces derniers mois, il n’y a pas un scandale dans lequel un certain nombre d’entre eux n’est pas cité. Comment arrivent-ils à dormir la nuit ? N’ont-ils pas de conscience ? N’ont-ils pas de cœur ? L’argent et le pouvoir les a-t-il grisés au point de tuer chez eux l’amour de la patrie ? Croient-ils que le peuple ne sait pas ? Croient-ils qu’il est lâche parce qu’il refuse de réagir pour les faire dégager comme des malpropres par peur pour la sécurité et la stabilité du pays ? L’éthique avec une de ses valeurs fondamentales, l’honnêteté, qui sont à la base de la lutte contre la corruption dans la Fonction publique, et particulièrement dans sa haute hiérarchie, semblent inefficaces. En principe, l’exemple doit venir d’en haut. En plus de la dimension morale qui appelle à lutter contre ces fléaux, les lois existent en Algérie pour les combattre, mais leur application dépend de la qualité des institutions publiques et de leurs capacités à faire respecter les règles élémentaires de fonctionnement et de gestion.
K. M.