Une pâle copie du FIS ?
L’intronisation d’un «radical» à la tête du MSP, à la faveur d’un congrès cousu de fil blanc, suscite des appréhensions dans les rangs même de ce parti. Abderrezak Mokri, connu pour son caractère impulsif, mais surtout pour ses penchants extrémistes, ambitionne d’arrimer son mouvement à la vague islamo-populiste, en affichant d’ores et déjà ses thèses favorables au «printemps arabe» et à «la solution islamique». Selon les observateurs, Mokri a été élu à une majorité de voix grâce au soutien actif de son prédécesseur, Bouguerra Soltani, qui aurait trié les congressistes parmi ses fidèles. Chose qui nourrit d’autres supputations, selon lesquelles Mokri tiendrait les rênes du parti pour tenter de mobiliser la base islamiste radicale, dans la perspective d’une éventuelle participation de Soltani à l’élection présidentielle de 2014, à laquelle il pourrait se présenter en candidat indépendant. Une hypothèse à ne pas écarter, quand on sait qu’il n’y a pas si longtemps, le même Soltani n’avait pas voulu lâcher du lest face à l’ancien transfuge du parti, Abdelmadjid Menasra, qui avait proposé une fusion entre le MSP et le Front du changement. Quoi qu’il en soit, l’option prise par le parti fondé par feu Mahfoud Nahnah en 1989 l’éloigne un peu plus de sa ligne initiale qui a toujours privilégié le dialogue, la modération, voire un rapprochement avec le pouvoir. Ce qui l’a amené à prendre part à presque tous les scrutins, intégrer l’Exécutif et faire partie, pendant longtemps, de l’Alliance présidentielle aux côtés du FLN et du RND. Mais plus que tout cela, l’ex-Hamas a été l’une des rares formations islamistes algériennes à condamner le terrorisme et à se démarquer ouvertement du discours de la haine et de la violence, véhiculés par les nombreuses franges qui ont constitué le FIS. Le nouveau MSP sera-t-il une pâle copie du parti dissous ?
R. Mahmoudi
Comment (6)
Les commentaires sont fermés.