Comment les banques font du business avec l’islam
Les banquiers suisses ne peuvent pas résister à l’euphorie que crée en eux l’illusion du grand marché d’avenir que constituent les produits financiers islamiques. Autant ils sont prompts à s’en prendre à l’islam pour les minarets qui les dérangent, et à sa loi, la charia, quand elle impose le voile, provocateur à leur goût, autant ils deviennent tolérants quand leur «naturel revient au galop» réveillé par le réflexe du profit. «Aussi bien UBS que Crédit Suisse ont lancé des fonds garantissant aux clients des investissements totalement conformes à la charia», relève un article publié par ats/Newsnet et repris par plusieurs quotidiens en Europe. «Ils voient dans les produits financiers islamiques comme une "poule aux œufs d’or" qui leur permettrait de gagner beaucoup d’argent rapidement», souligne l’auteur de cet article. D’autant plus que les conditions politiques dans les pays arabes, en plein bouleversement entraîné par un printemps mis en scène par les Occidentaux, ont poussé les personnes fortunées à davantage placer leur argent à l’étranger. Les places financières occidentales, et en premier lieu la Suisse, ont tout fait pour attirer les fonds et les produits de placement islamiques, censés produire des «rendements de rêve», expliquent des experts cités dans l’article. Les spécialistes et observateurs qui suivent de près les mouvements des capitaux à l’échelle internationale et particulièrement les placements dans les banques occidentales font remarquer que «de tels produits offrent un gros potentiel aux banques suisses». Selon eux, les clients très fortunés dans le monde musulman pensent que la gestion de leur argent est traditionnellement adaptée en Suisse. Mais les experts ne sont tous pas du même avis, certains estiment que les banquiers suisses commencent à déchanter et craignent que les établissements locaux, dans le monde musulman, offrent de meilleurs atouts «entièrement axés sur des prestations bancaires conformes à la charia». «Les riches musulmans préfèrent souvent avoir un compte «islamique» auprès d’une banque régionale et parallèlement disposer d’un compte conventionnel en Suisse», notent les spécialistes. Les banques installées dans les pays musulmans ont une longue pratique des produits islamiques. Elles présentent l’avantage d’une maîtrise parfaite des «ficelles» permettant de contourner la règle de la charia qui n’admet pas, rappellent les spécialistes cités dans l’article, «le droit d’exiger ni de payer des intérêts». Ils expliquent que les banques islamiques ont élaboré des mécanismes dans ce but comme «le procédé "Murabaha", par lequel une banque peut par exemple acheter un bien pour un montant donné et le revendre à un client en appliquant une marge bénéficiaire. Celui-ci rembourse alors le montant majoré en plusieurs mensualités». Il n’y a pas de différence avec le principe des intérêts appliqué par les banques non islamiques.
Kamel Moulfi
Comment (5)