D’anciens terroristes avouent avoir assassiné les moines de Tibhirine
Le magazine Marianne revient sur l’affaire de l’assassinat des sept moines de Tibhirine, à l’occasion de la diffusion d’un documentaire, le 23 mai prochain, sur France 3. Le film dévoilera des témoignages exceptionnels, considérés comme la preuve que les moines ont bel et bien été assassinés par le GIA, deux mois après leur enlèvement au monastère de Notre-Dame de l’Atlas, près de Médéa. Selon Marianne, les réalisateurs de ce film, auxquels il aura fallu des années d’efforts pour retrouver des témoins directs dans cette affaire, apportent des preuves «irréfutables» quant à l’implication de l’aile armée du FIS dissous dans cette tragédie qui continue jusqu’à nos jours de susciter la polémique. Sur son site internet, Marianne a publié des extraits de ces témoignages ; parmi eux, celui de Hassan Hattab, ancien membre du GIA et fondateur d’Aqmi qui raconte : «Zitouni (chef du groupuscule) m’a appelé pour me dire : je t’informe que j’ai tué les moines ce matin.» Abou Imen, le dernier geôlier des moines qui avait assisté à leur décapitation, a décrit comment ils ont été tués. «On n’a pas tiré une seule balle, de toute façon on en manquait. Ils ont tous été égorgés au couteau.» Abou Mohamed, un «émir» du GIA, affirme «que les corps des moines ont été enterrés dans la montagne et qu’il a été chargé d’emmener les têtes dans une voiture pour les jeter sur la route». Rappelons que le juge antiterroriste français Marc Trevidic a été autorisé par les autorités algériennes à se rendre en Algérie pour mener son enquête sur la mort des moines. Il a présenté aux autorités les noms des témoins qu’il voudrait entendre, et demandé aussi qu’on l’autorise à exhumer les têtes des moines et à y pratiquer des autopsies. Ce documentaire réussira-t-il à dissiper les rumeurs qui disent que l’assassinat des moines est dû à une bavure de l’armée algérienne ou carrément à une manipulation des services secrets ? En tout cas, pour Martine Gozlane, ce film «met un point final» à la réécriture de l’histoire algérienne et aux tentatives de «dédouaner» le fanatisme religieux.
Mohamed El-Ghazi
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