L’AIE annonce un «choc» pétrolier dans les cinq prochaines années
La nouvelle a de quoi inquiéter l’Etat algérien. Le cours du pétrole connaîtra dans les mois et années à venir une baisse conséquente, selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) contenues dans son rapport annuel rendu public aujourd’hui mardi. La principale cause est la faible demande saisonnière due à la crise financière internationale persistante, notamment en Europe. Les prévisions de croissance mondiale, toujours inchangées, restent négatives pour le marché pétrolier, ajoute l’Agence. Mais l’élément le plus influent est l'exploitation du pétrole non conventionnel (de schiste) en Amérique du Nord qui va créer, selon le rapport de l’AIE, une véritable onde de choc pour le marché pétrolier mondial, comparable dans ses effets à la hausse de la demande chinoise pour l'or noir. L'AIE prévoit ainsi que la capacité de production de pétrole brut planétaire augmentera de 8,3 millions de barils par jour (mbj) entre 2012 et 2018 pour atteindre 103 mbj, des projections globalement un peu plus élevées que dans son précédent rapport semestriel. Parallèlement, la demande devrait augmenter de 6,9 mbj, à 96,68 mbj. En plus clair, il y aura plus de pétrole sur le marché mondial, ce qui provoquera automatiquement une chute vertigineuse de son prix. Selon l'agence, qui émane de l'OCDE et défend les grands pays consommateurs d’énergie, la croissance des capacités de production proviendra pour 6 mbj de pays hors Opep, et parmi ceux-ci, pour 3,9 mbj de l'Amérique du Nord. «Cette montée en puissance du brut nord-américain va transformer le marché du pétrole dans les cinq prochaines années de façon aussi significative que la hausse de la demande chinoise d'or noir l'a été au cours des quinze dernières années», estime encore l'AIE. L’Algérie qui dépend entièrement de ses exportations d’hydrocarbures, qui représentent 98% des exportations globales, risque de connaître une grave crise, comparable à celle vécue dans les années 80 et au début des années 90. Une forte baisse du cours du pétrole sur le marché international aura une grave incidence sur les finances publiques et compromettrait tout projet de développement dans notre pays. L’après-pétrole, dont on parle depuis de longues années, n’a jamais été préparé. Il y a un grand risque d’explosion dans un pays déjà suffisamment miné par diverses tensions.
S. Baker
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