Santé de Bouteflika : les médias français diagnostiquent notre mal
Trois semaines après l’hospitalisation du président Bouteflika à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce, la presse française s’intéresse moins à l’évolution de son état de santé qu'aux raisons qui l'ont conduit à être admis dans un hôpital militaire français. Trois médias ont publié ou diffusé des commentaires, synchronisés, sur le président algérien, non sans arrière-pensées. Après l’hebdomadaire Le Point qui a indiqué que le chef de l’Etat allait bientôt quitter Paris, citant des «sources concordantes» et qui, se fiant à des sources médicales non autorisées, croit savoir que le Président était entré dans un état alarmant et qu’il serait toujours mal en point, Valeurs actuelles s’intéresse plutôt aux circonstances de l’hospitalisation du président algérien qui, pour ce magazine réputé de droite, «montre qu’on peut dénoncer les crimes de l’armée française mais accepter, pour soi-même, de s’en remettre aux médecins militaires français». Dans un article signé Fréderic Pon, Valeurs actuelles saisit cette occasion pour s’en prendre au système de santé algérien, en reprenant un «florilège» de critiques et commentaires incisifs publiés en Algérie. Exemple de cette pique d’un site d’information : «Cette énième hospitalisation à l’étranger du Président repose la question de l’état des infrastructures sanitaires et de la qualité de la médecine en Algérie. Les Algériens, selon leur condition sociale et selon le pouvoir dont ils disposent, ne sont pas égaux même devant la maladie.» Ou ce constat amer d’un médecin algérois : «Le choix de ceux qui sont traités se fait en fonction de leur statut social. Ceux qui ont les moyens vont en Turquie, au Maroc, en Tunisie ou en France.» Mais point d’enquête ni d’interrogations sur l’état de santé proprement dit du chef d’Etat algérien. France 24, dans son édition arabe, a organisé un débat en deux parties sur la question, sous le thème : «Bouteflika, l’absence énigmatique». L’animateur marocain s’est démené pour imprimer au débat une orientation précise, en mettant l’accent sur «l’incommunicabilité» des institutions algériennes.
R. Mahmoudi
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