Le FLN a tué notre histoire
Qui nous expliquera un jour les raisons de cette frilosité de nos politiques depuis l’indépendance à traiter des sujets sensibles de l’occupation française, particulièrement ceux ayant trait à la guerre de Libération nationale comme, à titre d’exemple significatif, la question des camps de regroupement qui a pourtant marqué la vie d’une bonne proportion de la population et sans doute laissé des séquelles jusqu’à maintenant. C’est un historien français, ami de notre pays, Pierre Vidal-Naquet, qui nous apprend que «rien, dans la guerre d’Algérie, n’est aussi important que les problèmes des regroupements». Le témoignage d’un autre Français, chercheur et tout aussi ami de l’Algérie, Michel Cornaton, dont nous publions l’interview, nous révèle qu’à l’indépendance, les bureaucrates des ministères persistaient à faire croire que les camps avaient disparu, comme s’ils voulaient effacer jusqu’à leurs traces. L’autorité centrale s’est désintéressée du sort de ces «regroupés», nous dit-il. Il attribue cette attitude à trois facteurs : la méconnaissance, le mépris et la peur. Mais cinquante ans après l’indépendance, le large balayage rétrospectif fait à cette occasion n’a pas suffi à combler le déficit dans l’écriture de l’histoire contemporaine de notre pays. Tous les modes d’expression ont été sollicités pour le devoir de mémoire mais aucun, et plus spécialement ni le livre ni le film, pour citer ce qui touche le plus le public, n’ont abordé le thème des centres de regroupement. On peut même, sans risque d’exagérer, soupçonner dans cette lacune comme une velléité d’oublier le passé. Pourquoi ? C’est un mystère. D’autant plus que la tautologie superfétatoire, ponctuée de mensonges et de cachoteries, dont le FLN parti unique a excellé dans l’art, à défaut de faire connaître la vérité historique, a fini par tuer la fierté que les Algériens ont tirée, à juste titre, du passé glorieux construit par leurs aînés. On comprend pourquoi, insensiblement, les lecteurs glissent vers une sorte d’indifférence à l’égard des sujets qui touchent à l’histoire du pays. Dommage.
Kamel Moulfi
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