Le Premier ministre turc Tayyip Erdogan début juin à Alger
Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, effectuera, à partir du 3 juin prochain, une visite en Algérie dans le cadre d’une tournée dans les pays du Maghreb. Ce périple s’inscrit, officiellement, dans le cadre de la coopération économique avec les pays de la région, puisqu’il sera accompagné de quelque 300 hommes d’affaires représentant des sociétés d’exportation et d’importation dans différents secteurs. A travers cet intérêt pour l’Algérie, le gouvernement turc tentera de redorer son blason, dans le dessein de se replacer sur le marché algérien. Mais la tâche paraît des plus ardues, vu le niveau des relations politiques entre les deux pays qui sont loin d’être cordiales. Les divergences entre Alger et Ankara apparaissent notamment sur les questions essentielles qui occupent le monde arabe aujourd’hui, l’immixtion d’Ankara dans la crise syrienne, par exemple, n’a jamais été appréciée par Alger. C’est pourquoi la visite d’Erdogan en Algérie va se focaliser sur l’aspect politique des relations entre les deux pays. Erdogan va certainement tenter, avec ses jongleries verbales, une opération de charme, mais il sait qu’il ne peut rien obtenir sans donner des gages de bonne volonté. Son discours trouve néanmoins écho chez quelques islamistes du MSP et d’Ennahda ou chez Abdallah Djaballah. Pour les autres pays du Maghreb, la Turquie d’Erdogan tentera de tirer profit de sa position géopolitique actuelle, qui lui confère une certaine influence sur quelques pays du monde arabe, notamment sur les régimes nouvellement installés dans le sillage du «printemps arabe», dont Ankara demeure un parrain actif. La Turquie d’Erdogan, qui a toujours rêvé d’exporter son modèle islamo-libéral à toutes les anciennes colonies ottomanes, mise à fond sur son soutien aux mouvements islamistes opposés aux régimes en place dans les pays arabes, et n’hésite pas, à cet effet, à fournir des aides de toute sorte, et dans une impunité totale, aux insurgés syriens. Elle compte toujours sur les islamistes en Tunisie et en Libye pour lui faire la part belle, et lui réserver des parts de marché, notamment dans les domaines de la construction et de l’industrie légère, qui sont un peu l’apanage des sociétés turques. Mais Ankara s’inquiète sérieusement de la situation sécuritaire qui s’est nettement dégradée, et qui entrave tout élan d’investissement dans ces deux pays «conquis».
R. Mahmoudi
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