Pourquoi Mokhtar Belmokhtar a été «radié» d’Al-Qaïda
Dans une lettre envoyée par les dirigeants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) à Mokhtar Belmokhtar, qui faisait partie de cette organisation terroriste jusqu’à sa démission en décembre 2012, et révélée par l’agence américaine Associated Press, on apprend que l’organisation lui reprochait notamment de ne pas respecter les ordres de ses supérieurs et de ne jamais rendre les notes de frais. Cette lettre de dix pages, retrouvée dans un immeuble occupé par les éléments d’Aqmi au nord du Mali, dévoile aussi que les plans de Belmokhtar – qui a entre-temps fondé sa propre organisation, «les Signataires par le sang» –, était perçus par les chefs d’Al-Qaïda comme une menace pour l’existence de leur organisation. Ils lui reprochent également de «n’avoir obtenu que 700 000 euros» pour la libération du diplomate canadien Robert Fowler, en 2008, et d'un de ses collègues. D'après la lettre, le commandement d'Aqmi avait renvoyé l'affaire devant Al-Qaïda, afin que les diplomates servent de monnaie d'échange dans la guerre que mènent les Américains en Afghanistan, mais Belmokhtar n’a pas voulu suivre l’instruction, d’après la lettre authentifiée par des spécialistes de la lutte antiterroriste à Londres. Depuis sa dissidence, Mokhtar Belmokhtar, dit Laouar, a revendiqué, avec son groupe, deux opérations retentissantes : l'attaque sanglante du site gazier algérien de Tiguentourine, en janvier 2013, et celle d'une usine d'uranium au Niger en mai. La justice algérienne a déjà prononcé deux condamnations à mort contre lui, pour « terrorisme international, assassinat et enlèvements». En avril 2013, le président tchadien, Idriss Déby, avait annoncé sa mort dans des combats au nord du Mali, mais la nouvelle s’est avérée fausse, puisque Belmokhtar a réapparu deux mois plus tard pour mener de nouvelles attaques au Niger.
R. Mahmoudi
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