Faim, soif et guerre
«L’Egypte est un don du Nil», cette citation de l’historien grec Herodote se vérifie aujourd’hui. Sans les eaux du fleuve, l’étroite bande de territoire qui donne vie à ce pays se transformera en désert comme le reste. Or, l’Ethiopie, où le Nil prend sa source, a commencé mardi à construire un barrage hydroélectrique, d’une capacité de 5 250 mégawatts, sur le cours du fleuve. Le gouvernement éthiopien veut être le premier producteur d'électricité en Afrique et sans doute en tirer des recettes extérieures substantielles en exportant cette électricité. Le grand perdant de ce détournement des eaux du Nil qui affectera son débit sera, évidemment, l’Egypte. On comprend que Le Caire ait fait part de son rejet des mesures prises par l'Éthiopie pour construire le barrage avant de trouver un accord avec l'Egypte et le Soudan. Une guerre de l’eau n’est pas à exclure, ce serait alors la première d’une série annoncée pour ce siècle autour du même problème entre pays qui partagent des ressources en eaux transfrontalières (fleuves ou nappes souterraines). Si les barrages se vident, l’eau qui manque déjà se fera encore plus rare dans ce pays aride alors que l'expansion démographique rapide et l'urbanisation accélérée ont été accompagnées d’un recul de la production agricole. L’Egypte est obligée d’importer les aliments que sa population consomme. Elle est confrontée à une situation alimentaire dégradée qui comporte tous les indicateurs d’une famine à venir, comme l’a fait ressortir une récente étude internationale. La proportion de la population égyptienne qui passe à la pauvreté et à la malnutrition, en hausse depuis quelques années, s’est accrue récemment du fait de l’instabilité créée par les derniers événements. L’Ethiopie qui coupe à l’Egypte l’eau du Nil, le «printemps arabe» qui l’a plongée dans le chaos permanent, il ne manquait que les injonctions du FMI pour casser le pays. L’institution de Christine Lagarde fait pression pour que le gouvernement égyptien supprime l’aide alimentaire et toutes les subventions qui vont aux pauvres. Tous les ingrédients d’une guerre qu’il sera difficile à éviter.
Kamel Moulfi
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