Le projet d’énergie solaire Desertec abandonné
Desertec, le très médiatisé mégaprojet solaire européen dans le désert du Sahara, serait-il déjà mort ? C’est une déclaration de Paul Van Son, le principal dirigeant du programme Desertec Industrial Initiative (DII), qui a jeté le froid sur le sort d’un projet qui devait assurer à terme l’alimentation en électricité du continent européen à partir des grandes étendues du Sahara. La société éponyme qui a donné son nom au programme Desertec a donc décidé d’abandonner avant même d’avoir mûri le projet qui promettait beaucoup que ce soit pour les pays du Maghreb ou pour l’Europe, dont la majorité de la production lui était destinée. Paul Van Son a, en effet, expliqué, dans une de ses dernières interventions, que le marché européen pourrait fournir lui-même jusqu'à 90% de sa propre demande en électricité dans les années à venir. La direction de DII renonce, ainsi, à exporter l’énergie solaire produite au Sahara vers l’Union européenne. Même si M. Van Son ne le dit pas, on comprend en filigrane de ses propos que c’en est fini de Desertec, puisque sa raison d’être première était l’exportation de l’électricité produite au Sahara vers le Vieux Continent. «Honnêtement, il y a quatre ans, l’acheminement de l'énergie depuis l'Afrique du Nord était la raison d’être de Desertec. Nous avons abandonné cette vision unidimensionnelle. Il s'agit à présent de créer des marchés intégrés dans lesquels l'énergie renouvelable apportera ses avantages. C'est l'objectif principal», a-t-il tenté d’expliquer. Il n’est donc plus question de subvenir aux 20% des besoins énergétiques européens en produisant de l’énergie renouvelable solaire et éolienne au Maghreb et en particulier dans le désert saharien. Comme pour enfoncer le clou, la directrice du département de politique énergétique à Eurelectric, l'association qui représente le secteur européen de l'électricité, abonde dans le même sens et livre ses propres arguments. «Nous manquons toujours de lignes et de capacités pour l'exportation à un niveau très élémentaire», a affirmé Susanne Nies.
Amine Sadek
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