Le Maroc déclare la «guerre sainte» à l’Algérie en France
Le Maroc instrumentalise ses imams en France pour mener une sorte de guerre sainte contre l’Algérie. Ces imams, «orientés» par le Makhzen, ont déclenché une attaque en règle contre le Conseil français du culte musulman (CFCM) à l’occasion des élections qui ont eu lieu le samedi 8 juin pour renouveler ses instances. Ils agissent ainsi dans une démarche de division de la communauté musulmane et dans le cadre d’une stratégie visant à casser le CFCM, au seul motif que cette institution représentative des musulmans de France est dirigée par un Algérien. En effet, Dalil Boubekeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a annoncé dans un entretien à Echorouk, qu’il présidera le CFCM à l’issue de ces élections dont les résultats seront donnés le 23 juin. Il estime que la participation aux élections a été conséquente et que l’appel au boycott lancé par le mouvement des Frères musulmans n’a eu aucun effet vu la participation massive. Illustration du travail de sape mené par les Marocains, la Grande Mosquée Mohammed VI de Saint-Etienne n’a pas participé à ce scrutin. Son recteur a déclaré, avant ces élections : «Nous refusons de nous soumettre au simulacre et à la caricature que représente aujourd'hui le CFCM à travers les différentes fédérations.» Plus loin, il poursuit : «La gestion chaotique du CFCM initiée par des fédérations partisanes et en particulier le RMF et leur tentative de mettre la main sur ces instances représentatives, en s'accaparant tous les pouvoirs par des manœuvres malsaines, portent une atteinte grave aux principes démocratiques qui régissent notre pays.» Le recteur termine ce réquisitoire mensonger par un véritable appel à la division : «La Grande Mosquée Mohammed VI réfute et condamne fermement ces pratiques et appelle les responsables des mosquées de France et les dirigeants de lieux de culte à ne pas cautionner cette mise en scène pour libérer nos institutions d'une gestion partisane.» Dans le même camp marocain, quatre présidents de conseils régionaux du culte musulman (CRCM) avaient signifié, en avril, leur intention de ne pas participer aux élections anticipées du CFCM. Le président du CRCM Île-de-France (IDF) Centre a rejoint le camp des frondeurs. Comme les autres, il conteste la réforme des statuts adoptée en février lors d’une assemblée générale, «entachée d’irrégularités» selon lui, et entend achever son mandat de trois ans jusqu’en juin 2014. Ils sont appuyés par le recteur de la mosquée d’Evry-Courcouronnes, Khalil Merroun, connu pour être l’homme du Makhzen, qui est derrière toutes les manœuvres de déstabilisation du CFCM et de la Mosquée de Paris qui est réputée pour l’islam tolérant, moderne et ouvert qu’elle prône.
Kamel Moulfi
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