Un expert met en garde : «Alger est menacée par des boues toxiques»
Il n’y a plus où les mettre. Les boues issues des stations d’épuration de la capitale s’entassent au point de constituer une sérieuse menace pour l’environnement et la population. Si rien n’est fait dans l’urgence, Alger croulera sous ces boues qui contiennent des matières dangereuses pour la santé publique, a-t-on appris d’un ancien cadre du secteur hydraulique, qui affirme que les stations d’épuration des eaux usées de la capitale, à elles seules, produisent annuellement près de 200 000 tonnes de boues de toute nature : liquide, pâteuse et solide. «Cette quantité est appelée à doubler dans un proche avenir du fait que le volume de déchets rejetés va en augmentant», prévient-il, estimant que dans deux ans, on atteindra facilement les 400 000 tonnes par an. Par manque de planification, ces boues restent sans destination. «Ailleurs, on les transforme en les faisant passer par des lits de séchage. On les utilise également pour l’épandage agricole. Mais chez nous, aucun investissement n’a été fait dans ce sens. A cela s’ajoute la toxicité très élevée de ces boues du fait que les stations d’épuration reçoivent tous les rejets industriels et chimiques», souligne notre source. D’ailleurs, le ministère de l’Environnement interdit le rejet dans les décharges publiques. Ainsi, donc, ces boues sont au mieux entassées dans des lieux qui commencent à être saturés, au pire jetées dans la nature. Le stock de ces boues ne répond pas aux normes, d’après notre interlocuteur. Selon lui, les boues liquides doivent être stockées dans des silos à la façon des lisiers, avec un agitateur homogénéisant, les pâteuses dans des fosses ou autres dispositifs étanches et les solides sont stockées à même le sol sur des dalles imperméables (bâches ou hangars). Des procédés qui ne sont pas respectés chez nous, révèle-t-il. Quand au traitement de ces boues, la solution est toute simple, à ses yeux. Il s’agit de mettre en place des stations de séchage thermique avant de procéder soit à l’épandage agricole soit à la mise en décharge ou à l’incinération avec l’élimination des résidus produits. Par leur composition, les boues, une fois épandues, augmentent le rendement des cultures et permettent la valorisation des terres agricoles. Globalement, les boues des stations d'épuration sont constituées de particules minérales (argiles, carbonates, silicates, phosphates…), de débris organiques grossiers (fibres textiles, résidus végétaux, matières plastiques), de biomasse morte (résidus de cellules bactériennes, résidus d'algues…) et de polymères organiques issus de l'activité de la biomasse (polysaccharides, protéines).
Sonia B.
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