Ischémie politique
La longue absence du président de la République a mis à nu l’extrême précarité de toutes nos institutions sans exception. Et ce ne sont pas les assurances d’un Premier ministre, sans pouvoir et sans majorité, qui peuvent prouver le contraire. C’est la première leçon à retenir de cette dure épreuve à laquelle notre pays est confronté. On ne sait pas si la faute revient au type de régime, ultra-présidentiel, qui a été voulu et imposé par l’actuel chef de l’Etat, lequel, peu à peu, a réussi à s’emparer de tous les pouvoirs exécutifs, ou à une démission collective de la classe politique, opposition comprise, qui ne veut pas assumer sa part de responsabilité dans la gestion des affaires de l’Etat. Quoi qu’il en soit, l’Algérie semble à l’arrêt depuis l’annonce de l’hospitalisation du chef de l’Etat. La déliquescence qui a marqué les trois mandats de Bouteflika s’est aggravée à la faveur du statu quo qui règne dans tous les secteurs d’activité. Le gouvernement ne fait qu’assurer la gestion des affaires courantes et les autres institutions, comme le Parlement ou le Sénat, ne prennent aucune initiative pour sortir de l’ornière ou engager le débat sur le destin national. Ce n’est ni de leur culture ni d’ailleurs de leurs prérogatives. Deux Chambres qui fonctionnent comme des courroies de transmission ne peuvent, du jour au lendemain, retrouver leur véritable fonction de contrepouvoir, à une période où le pays en a vraiment besoin pour éviter, justement, le blocage de l’Etat. Le même constat s’applique à nos partis politiques qui semblent, eux aussi, incapables de développer la moindre initiative en dehors de leurs rengaines ennuyeuses sur les «mensonges du pouvoir», pour esquisser des perspectives salutaires, déjà pour leur propre survie. C’est toujours, bien sûr, la faute à ce pouvoir qui les a conditionnés à marcher au pas. Ils en paient aujourd’hui le prix.
R. Mahmoudi
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