Corruption : le secteur de l’énergie symbole du vice ?
Longtemps étouffés, visiblement par des mains expertes, les scandales du secteur de l’énergie continuent de monter à la surface un à un au gré des révélations médiatiques. Chakib Khelil, l’homme par qui tout est arrivé, n’étant plus là, aux commandes, les langues peuvent se délier. Le mal est à l’évidence bien profond et ne se limite pas au géant de l’industrie pétrolière nationale, Sonatrach, utilisée à des fins d’enrichissement personnel de la manière la plus grossière. Le doigt accusateur est aujourd’hui pointé vers les patrons du non moins important groupe public de l’électricité et du gaz, Sonelgaz. Noureddine Boutarfa, l’actuel PDG de la société, et son prédécesseur Abdelkrim Benghanem ont été placés récemment sous contrôle judiciaire par la justice algérienne, dans le cadre d’un dossier aussi gros que celui de Sonatrach, en l’occurrence la fameuse affaire des centrales électriques. De lourds soupçons de corruption pèsent en effet sur ces responsables dans le marché lié à l’attribution des contrats pour la construction de ces centrales par, entre autres, le groupe canadien SNC Lavalin. Encore lui. Selon toute vraisemblance, la société canadienne a réussi à tisser une véritable toile au sein du secteur de l’énergie algérien pour pouvoir disposer à sa guise des marchés proposés à la soumission par les autorités. L’implication de l’omnipotent ministre de l’Energie, Chakib Khelil, dans les scandales Sonatrach I et II est aujourd’hui évidente. Quid du scandale Sonelgaz qui vient d’éclater ? Lorsqu’on voit la taille de ces contrats (centrales de Targa, Koudiat Draouche et Hadjret Ennous) dont les montants dépassent parfois le milliard de dollars, le recours aux «bras longs» devient presque systématique, sinon indispensable pour les sociétés étrangères qui s’arrachent les marchés. Et c’est ce qui vient de se passer à Sonelgaz. Car il apparaît impensable qu’un PDG, quel que soit son pouvoir ou ses soutiens, se soit engagé seul dans une telle conspiration. C’est dire que les enquêtes qui se poursuivent risquent d'amener beaucoup d’autres révélations sur les implications des uns et des autres dans la dilapidation et le détournement des fonds publics. Il faudrait peut-être s’attendre à d’autres annonces de ce type grâce aux investigations menées. Chakib Khelil et ses hommes de main ont-ils tout bouclé entre eux sans que d’autres responsables n’aient pas été au courant ou peut-être même impliqués de près ou de loin dans ces affaires. La justice ira-t-elle jusqu’au bout ? L’avenir nous le dira.
Amine Sadek
Comment (14)