Khelil et les fusibles
On savait dès l’éclatement de l’affaire Khelil – s’il existe une affaire Khelil, la justice n’ayant pas à ce jour jugé utile de l’entendre – que le PDG de Sonelgaz était un corps électrisable par frottement et que, comme tous les responsables aimantables du secteur de l’énergie, il allait un jour ou l’autre être invité à s’expliquer. Aussi, en quoi l’information de la mise sous contrôle judiciaire de Noureddine Bouterfa et de plusieurs autres cadres de cette société était-elle importante au point qu’on se bousculât dans les imprimeries de l’Etat pour en faire ses choux gras ? Qu’y a-t-il d’inédit dans ce nouvel épisode du feuilleton «Khelil et les quarante voleurs» qui s’annonce long et qui n’en est qu’à ses balbutiements ? Devions-nous béer d’étonnement d’apprendre qu’un autre électron a été pris dans le champ rémanent de la corruption qui perdure dans le temps ? Se pouvait-il que le ministre eût pu alimenter sa machine à pomper l’argent du pétrole sans ces câbles placés à la tête des entreprises sous sa tutelle ? Il y a dans cette diffusion d’ondes lumineuses, dans ce contexte paralytique, comme une volonté de polarisation pour corrompre notre faculté de discernement. Car, entre nous soit dit, ce qu’il faut relever dans cette décision de justice, ce n’est pas tant la probabilité que le PDG de Sonelgaz s'en aille rejoindre son homologue de Sonatrach dans sa cellule, mais cette procédure qui remonte jusqu’à son prédécesseur, Abdelkrim Boughanem, dont il a pris la place voici neuf ans. Cela fait plus de neuf ans donc que la situation pourrit à Sonelgaz et ailleurs, que les cadres intègres s’époumonent à en perdre le souffle pour dénoncer la gabegie sans être entendus et que les responsables politiques sont au courant. Si le disjoncteur ne s’est déclenché que ces derniers mois, c’est que la charge politique est telle qu’un court-circuit risque de plonger le pays dans le noir.
M. Aït Amara
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