Exploitation du gaz de schiste en Algérie : la question absente
La publication de la carte des pays détenteurs de réserves de gaz de schiste par l’US Energy information administration (EIA) plaçant l’Algérie en troisième position mondiale (vrai ou faux, là n’est pas la question) et surtout l’euphorie non dissimulée qu’elle a suscitée chez nos dirigeants ont alimenté, encore une fois, la même rengaine sur la «rente pétrolière» et la dépendance de notre économie, en fait de tout le pays, à l’égard des hydrocarbures. Une véritable pensée économique s’est d’ailleurs créée autour de la perspective de l’épuisement, «un jour», de ces ressources et la catastrophe qui nous attend. L’annonce quasi simultanée de la mise en production imminente par l’Algérie d’un nouveau grand gisement pas très loin de Hassi R’mel a sans doute contribué à contrarier encore plus l’idée qu’il ne faut pas compter sur les hydrocarbures. C’est, pourtant, paradoxalement, dans ce contexte de bonnes nouvelles concernant les ressources en hydrocarbures dans le sous-sol algérien que le Conseil national économique et social (Cnes), une institution publique, a planché sur la façon de définir une stratégie pour mettre en place une économie hors-hydrocarbures et bâtir un développement pérenne. Car la question totalement absente dans cette pensée économique est bien celle concernant le bon usage qui doit être fait des recettes procurées par les ventes des hydrocarbures plutôt que de se lamenter sur le sentiment de quiétude qu’elle a créé. Le Cnes a fait de bonnes recommandations. Quoi de mieux que cette urgence signalée de «stopper la désindustrialisation du pays et de repenser les nouveaux fondements des choix des filières industrielles». Il y a des filières qui n’attendent que ça, pour produire du ciment, des aliments, des médicaments…Voilà à quoi devraient servir les hydrocarbures au lieu d’agiter, à chaque nouvelle découverte de ressources, le spectre du syndrome hollandais (allusion aux conséquences négatives entraînées par les exportations d’hydrocarbures sur l’économie nationale).
Kamel Moulfi
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