Islam de France : Dalil Boubakeur claque la porte du CFCM
La mainmise du Maroc sur le Conseil français du culte musulman (CFCM) a poussé le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boukabeur, à claquer la porte de cette instance. Cet Algérien a quitté aujourd’hui une réunion du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui devait entériner sa désignation au poste de président du Conseil, a annoncé la Grande Mosquée de Paris. «Nous avons quitté la réunion du conseil d'administration parce que nous nous sommes aperçus qu'il y a eu une alliance stratégique entre Marocains et Turcs contre la Grande Mosquée de Paris remettant en cause un accord que nous avons conclu hier pour sortir de l'impasse vers laquelle le CFCM se dirigeait», a déclaré à l'AFP Abdallah Zekri, un des collaborateurs de Dalil Boukabeur qui conteste cette mainmise marocaine sur le Conseil et la partialité avérée de ses membres. Dans la journée de samedi, alors que la crise se profilait, la Grande Mosquée de Paris avait donné son accord pour le retrait de son candidat à la présidence du CFCM, Chems-Eddine Hafiz, contesté par les autres fédérations et spécialement le Rassemblement des musulmans de France (RMF), aidés et financés par Rabat. Le RMF contestait la candidature de Me Hafiz parce qu'il est l'avocat du Front Polisario qui lutte pour l'indépendance du Sahara Occidental. A la place de Me Hafiz, la Grande Mosquée de Paris avait finalement proposé son recteur Dalil Boubakeur, qui avait dans un premier temps refusé de prendre la présidence du CFCM, où le RMF est sorti majoritaire aux élections des conseils régionaux le 8 juin dernier. Les pro-Maroc ont dominé avec 25 sièges, contre 8 aux pro-Algérie et 7 aux Turcs. «A la réunion d'aujourd'hui, les Marocains et les Turcs ont demandé plus de postes que prévu dans l'accord d'hier au sein de la direction collégiale», a encore expliqué Me Zekri. Le CFCM était présidé par le Marocain Mohamed Moussaoui. Créé en 2003 pour doter les quelque 3,5 millions de musulmans vivant en France d'une instance représentative, ce Conseil a beaucoup plus divisé qu’uni les musulmans de France. Objet de manœuvres politiciennes où se prolongent parfois les luttes géopolitiques, le CFCM devient aujourd’hui une coquille vide, qui ne peut plus se prétendre représenter les musulmans de France. Dalil Boukabeur a eu par le passé à critiquer son mode de fonctionnement dont la représentation ne se fait pas selon la taille de la communauté représentée. Il est clair qu’il y a aujourd’hui comme hier beaucoup plus d’Algériens musulmans en France que de Marocains ou de Turcs.
Sonia B.
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