L’Etat va sévir contre la mafia de la publicité
Grande appréhension dans les milieux des éditeurs depuis quelques jours. Et pour cause. L'Agence nationale de l'édition et de la publicité, Anep, vient de décider d'appliquer une ancienne disposition relative à l'organisation de la publicité institutionnelle destinée à la presse écrite, apprend-on de source proche de cette agence étatique. Ainsi, selon cette disposition, la publication d'annonces publicitaires rédigées en langue arabe sera désormais du seul ressort de la presse écrite d'expression arabe. Celles rédigées à l'origine en langue française devront être publiées exclusivement dans la presse d'expression française. Cette ancienne disposition est de nature à reconfigurer fondamentalement et rapidement le paysage éditorial national, dès lors que beaucoup de titres sont concernés par cette mesure qui devrait logiquement mettre fin à l'anarchie qui règne dans ce secteur depuis des années, et qui a profité à un certain nombre d'éditeurs attirés par la manne publicitaire servie gracieusement par l'Etat, mais aussi à tout un cartel d'éditeurs parasites qui usent de leur influence pour s'assurer une grande part de la rente. Ces éditeurs n’assurent pas le service public en contrepartie duquel ils sont censés bénéficier de ces annonces qui transitent obligatoirement par l’Anep et qui coûtent des milliards au Trésor public. Cette décision de l’Etat de mettre de l’ordre dans la corporation ne semble être qu'une première étape dans cette guerre déclarée aux nombreux imposteurs qui ont créé des journaux pour détourner «légalement» de l’argent public. On parle de milliards de centimes récupérés par des pontes du régime, dont, notamment, le président d’un groupe parlementaire et ancien porte-parole d’un des trois partis de l’Alliance, ainsi que de nombreux autres responsables politiques et députés proches du pouvoir. On apprend que les choses ont été prises en main sérieusement en haut lieu et que des mesures sévères vont être adoptées pour mettre fin à cette mafia de la publicité étatique. Nous y reviendrons avec plus de détails.
R. Mahmoudi
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