Interdit d’être ferme
Par Karim Bouali – Les agents chargés de préserver l’ordre public et, en premier lieu, de combattre la délinquance sous toutes ses formes, sont-ils efficaces ou plutôt laxistes, complaisants ou enclins aux dépassements ? Chacun appréciera en fonction des situations qu’il a vécues ou dont il a été le témoin. Il n’est pas rare que des membres des forces de sécurité confessent que les conditions drastiques qui leur sont imposées font qu’ils sont devenus inefficaces. Si un policier, voulant intervenir pour protéger une personne victime d’une agression, se trouve confronté à l’agresseur brandissant une arme blanche, pourra-t-il lui-même sortir son arme ? Ce n’est pas si évident. Car s’il s’aventurait à l’utiliser, même pour sauver une victime ou se défendre, il s’attirerait les foudres de ses supérieurs qui ont reçu ordre des responsables politiques d’éviter tout problème qui provoquerait une émeute. Les forces de l’ordre ont donc été rendues obsolètes s’agissant de la petite délinquance et sont épuisées par plusieurs années consacrées au rétablissement de l’ordre, pour éviter une propagation de la fronde qui eût pu déboucher sur une révolte généralisée. Longtemps refoulée, la colère des responsables et des agents en charge de maintenir l’ordre et de combattre la délinquance sous toutes ses formes, finira par exploser. Bouteflika ou son entourage voulaient un prix Nobel en imposant des règles propres aux démocraties avancées, mais il allait de soi que l’adaptation de ces méthodes était inexorablement vouée à l’échec face à une violence beaucoup plus manifeste chez nous, pour de multiples raisons : caractère frondeur de l’Algérien, indiscipline généralisée, anarchie, incompétence de l’administration, absence de respect du citoyen envers l’autorité, corruption au sommet… Il faut ajouter à ces facteurs aggravants, l’intrusion des nouvelles technologies et de l’internet dans le milieu des jeunes et, pire, chez les enfants, souvent impréparés à faire face aux dangers qu’ils comportent. Il est grand temps que l’Etat recouvre sa puissance.
K. B.
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