Obama : «L’intervention de notre armée à l’étranger est inefficace»
Le président Barack Obama a affirmé qu'il privilégiait le renforcement des capacités des pays africains dans leur lutte contre le terrorisme, en soulignant que les interventions militaires des Etats-Unis à l'étranger pour lutter contre ce fléau n'avaient pas toujours été efficaces. Le président Obama s'exprimait lors d'un débat qu'il a tenu samedi à l'université de Soweto (Afrique du Sud) au cours duquel il a été interrogé, par vidéoconférence du Nigeria, par un représentant de ce pays qui l'a questionné sur l'évolution des groupes terroristes dans plusieurs régions d'Afrique tels Boko Haram, Aqmi et Shebab. A ce propos, le chef de la Maison-Blanche a estimé que si le noyau dur d'Al-Qaïda, basé dans la région située entre le Pakistan et l'Afghanistan, avait été largement affaibli, le problème du terrorisme s'est, toutefois, «métastasé» dans d'autres régions du monde, dont l'Afrique, avec l'apparition de plusieurs groupes terroristes régionaux. Relevant que le nombre de personnes tuées par des attaques terroristes dans les pays africains, dans les pays musulmans ou en Asie du Sud, est amplement supérieur à celui des Occidentaux victimes du terrorisme, le président américain a soutenu, d'autre part, que l'origine de ce fléau résidait dans les problèmes intrinsèques à ces pays. Dans ce sens, il s'est dit convaincu que le terrorisme était «plus susceptible d'émerger et de prendre racine dans des pays où les frustrations profondes et les sources de conflits n'ont pas été traitées d'une manière adéquate». Sur ce point, il a cité le cas du Mali où, selon lui, une partie du problème est le fait d'un «gouvernement faible» et des institutions qui sont «loin des normes démocratiques». Pour le président américain, la démocratie et la bonne gouvernance sont «les plus importants mécanismes de défense contre le terrorisme». En conséquence, a-t-il préconisé, la solution militaire face au terrorisme n'est pas la seule à prendre en compte, et il s'agit aussi, selon lui, d'offrir des opportunités au peuple, de l'instruire et de résoudre les conflits à travers des processus démocratiques réguliers. Mais en même temps, le président américain a appelé à faire preuve de «réalisme» en reconnaissant que des groupes extrémistes n'acceptent pas le compromis ou refusent de travailler à travers un processus démocratique. Pour M. Obama, «c'est là où nous voulons collaborer avec les pays africains pour comprendre comment nous pouvons les aider». Sur ce point précis et faisant allusion aux critiques sur l'interventionnisme américain, le président Obama a fait part de sa «promesse» qu'il n'était plus question d'étendre la portée militaire des Etats-Unis vers d'autres pays. D'autant plus, a-t-il rappelé, «j'ai été élu pour mettre fin à la guerre. J'en ai fini une (en Irak) et je suis actuellement en train de mettre fin à une autre (en Afghanistan avec le retrait des troupes)». Se montrant insistant sur cette question, il a ajouté que «cette idée selon laquelle les Etats-Unis veulent s'impliquer davantage militairement partout dans le monde n'est tout simplement pas vraie». Tout d'abord, a-t-il poursuivi, «cela coûte beaucoup d'argent, et les Etats-Unis, comme tous les pays du monde, doivent penser à leur budget». Dans le but de convaincre davantage, il est allé jusqu'à affirmer que les interventions militaires fréquentes des Etats-Unis dans d'autres pays n'avaient pas été très efficaces car, a-t-il argué, les populations locales qui luttent contre le terrorisme «finissent par nous considérer comme des intrus qui s'imposent». Dans le contexte de la lutte contre le terrorisme en Afrique, M. Obama a alors réitéré que les Etats-Unis préféraient plutôt renforcer les capacités des pays africains à travers les équipements, le conseil et la formation. Il a tenu à préciser, cependant, que les Etats-Unis «ne resteront pas les bras croisés» si leurs ambassades étaient attaquées ou si leurs ressortissants se trouvaient dans des situations vulnérables, et a appelé à une coopération avec les autres pays pour faire face à ces types de menaces qu'il a considérées comme un problème mondial qui ne concerne pas seulement son pays.
R. I.
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