L’armée égyptienne réédite le scénario algérien de janvier 1992 et sauve la République
L’armée égyptienne a décidé de démettre Morsi de sa fonction présidentielle dont les prérogatives seront assurées par le président du Conseil constitutionnel. Des élections présidentielles anticipées auront lieu ainsi que des élections parlementaires. Cette déclaration et cette feuille de route mettent un terme au pouvoir des Frères musulmans en Egypte. Les officiers de l’ANP qui ont eu à prendre des décisions historiques en janvier 1992, en assumant la gestion d’une transition qui s’annonçait pleine de dangers pour le pays, ont été sans doute les premiers à suivre avec la plus grande attention ce qui se passe en Egypte. Ils ne sont certainement pas surpris par le choix fait par l’armée égyptienne de reprendre les rênes d’une transition qui avait été trop vite laissée au gré des islamistes. Incontestablement, les similitudes sont frappantes à quelques nuances près entre la position de l’armée égyptienne face aux Frères musulmans et celle de l’ANP, il y a plus de 21 ans. L’armée égyptienne, cédant sans doute aux pressions américaines, a laissé les Frères musulmans prendre le pouvoir, mais un an après, sous la pression de la rue, elle s’est décidée à renvoyer les islamistes. En Algérie, les démocrates emmenés par le CNSA (Conseil national de sauvegarde de l’Algérie) et l’armée n’ont pas suivi les conseils des Occidentaux, le président français François Mitterand et les dirigeants américains en tête, et ont choisi d’assumer leurs responsabilités historiques. En Egypte, il a fallu une année pour que l’armée comprenne que la démocratie ne sert aux islamistes qu’à tuer la démocratie. Malheureusement, comme en Algérie, les islamistes égyptiens ne veulent pas admettre leur échec. Ils annoncent au peuple un bain de sang. Incapables de gagner l’adhésion des gens par leur gestion des affaires du pays et dans l’impossibilité d’imposer au peuple égyptien leur hégémonie, les islamistes menacent de recourir à la violence dont ils font déjà usage. Autrement dit, l’Algérie est passée par là : le terrorisme. Mais comme en Algérie, le peuple finira par triompher. L’Egypte sauvée de la menace islamiste, c’est la Tunisie qui s’en sortira à son tour. Le peuple tunisien aussi a donné la mesure de ses capacités à résister et à rejeter définitivement les islamistes.
Karim Bouali
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