Etaient-ils tous aveugles ?
Par Karim Bouali – A plus de vingt et un ans d’intervalle, les dirigeants des pays occidentaux ont adopté deux positions diamétralement opposées face à deux événements identiques quant au fond, même s’ils diffèrent dans quelques détails secondaires. En janvier 1992, l’ANP, dans le cadre de ses missions constitutionnelles et assurée du soutien de la société civile, avait interrompu un processus électoral très mal parti et qui annonçait, à terme, la mort de la démocratie, décrétée «kofr» (impie) par les islamistes. Sans cette issue salvatrice, l’Algérie allait directement à l’«afghanisation». En juillet 2013, l’armée égyptienne, après avoir laissé le pouvoir au Frère musulman Morsi, très mal élu en 2012 puis, un an après, rejeté par une grande majorité de la population, destituait le Président. Si l’armée égyptienne n’était pas intervenue, le pays aurait sombré encore plus dans le chaos. Dans les deux cas, l’armée a fait irruption dans la politique au plus haut sommet pour sauver le pays, mais a remis le pouvoir à un civil pour engager la mise en œuvre d’une feuille de route devant conduire à la normalisation de la situation. En janvier 1992, les capitales occidentales, leurs dirigeants, contrairement à leurs opinions publiques, ont critiqué, c’est le moins que l’on puisse dire, la position algérienne et ont ouvert leurs portes aux islamistes qui ne cachaient pas leur adhésion aux groupes terroristes déjà en œuvre. Ce soutien politique a été complété indirectement par un soutien logistique, puisque les autorités occidentales avaient fermé les yeux sur le trafic d’armes et la collecte d’argent destinés aux terroristes en Algérie et, par contre, avaient multiplié les mesures pour étrangler l’économie algérienne. Il est aujourd’hui certain que si, comme elles l'ont fait en juillet 2013 avec l'armée égyptienne, les capitales occidentales n’avaient pas diabolisé l'arrêt du processus électoral qui allait enterrer la République en Algérie, elles auraient épargné au pays les plusieurs dizaines de milliers de morts. En Egypte, Doha, Riyad, Dubaï, Washington, Londres, Paris… aucune de ces capitales n'a condamné ce qu'elles qualifient de «transfert de pouvoir» et jamais de coup d'Etat. Pourtant, c'est un coup de force de l'armée avec le soutien de la société civile tout comme en Algérie en 1992. Ces pays portent aussi leur responsabilité dans la violence inouïe qui a secoué notre pays plus de dix ans durant.
K. B.
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