Le prédicateur égyptien Youssef Al-Qaradawi «perd» son fils
L’hebdomadaire youm7 a publié une lettre de Abderrahmane Youssef Al-Qaradawi dans laquelle il exprime son désaccord avec la position prise par son père, Youssef Al-Qaradawi, concernant l’éviction du Frère musulman égyptien Morsi de la présidence. Il conteste ce que pense son père à propos de la légitimité de Morsi. Il n’en a aucune, dit-il. Youssef Al-Qaradawi a appelé, samedi 6 juillet, les Egyptiens à soutenir le président déchu Morsi. Dans une fatwa, le prédicateur qatari d’origine égyptienne, proche des Frères musulmans, apporte naturellement son soutien à Mohamed Morsi, issu de la même confrérie. Il a jugé «nulle et non avenue» l’action des forces armées. «La charia (loi islamique) impose à tous les croyants de faire allégeance au président élu, d'exécuter ses ordres et de se conformer à ses directives», estime-t-il. Selon lui, Mohamed Morsi doit donc «rester président et aucun ne peut prétendre, au nom du peuple, avoir le droit de le destituer». Le fils d’Al-Qaradawi détruit un à un les arguments de son père. Il énumère également les fautes commises par Morsi et qui lui ont valu sa destitution par l’institution militaire appuyée sur la volonté populaire. «Morsi n’a pas tenu ses promesses», rappelle le fils à son père. Al-Qaradawi fils n’hésite pas à accuser Morsi d’avoir voulu instaurer un autre despotisme. Il récuse aux Frères musulmans qui étaient autour de Morsi et à Morsi lui-même le statut d’hommes d’Etat. Le président déchu a lui-même créé les conditions de sa destitution, selon le fils d'Al-Qaradawi qui reconnaît la légitimité de la révolte populaire du 30 juin – «en continuité de celle du 25 janvier», dit-il – qui a amené la chute de Morsi. Le fils explique son désaccord avec son père par une perception différente face à ces événements provoqués par la conduite despotique de Morsi. Les fatwas de Qaradawi sont désormais destinées à être jetées à la poubelle. C’est son propre fils qui a commencé à le faire.
Kamel Moulfi
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