L’Algérie consacre moins d’argent à la culture que la Tunisie
La culture est loin d’être le dada des dirigeants algériens. De son colossal budget annuel qui s’élève à plusieurs dizaines de milliards de dollars, l’Etat n’a consacré que 0,53% à la culture, ce qui représente 258 millions de dollars. Selon une étude comparative des politiques culturelles des pays d’Afrique du Nord, réalisée par une équipe d’experts mixtes, l’Algérie consacre moins d’argent à la culture que la Tunisie et elle est presque sur le même niveau que l’Egypte qui souffre d’une dette extérieure abyssale et dont un tiers du peuple vit dans une misère sociale intenable. Depuis 2003, l’Algérie qui venait de retrouver sa stabilité financière et commençait à se débarrasser du lourd fardeau qu’était la dette extérieure, a consacré un taux plus important (0,61%) de son budget à la culture. L’étude fait ressortir ainsi le contraste d’un pays riche à la culture très pauvre. Hormis les années culturelles organisées en grande pompe et auxquelles des budgets faramineux ont été alloués, le secteur de la culture ne pèse rien dans le budget de l’Etat. Ainsi, le budget de la culture a atteint en 2011 (Tlemcen, capitale de la culture islamique) la somme historique de 452 millions de dollars, soit le budget le plus important dans la région arabe et en Afrique. Il avait atteint avec l’organisation en 2009 du 2e Festival panafricain d’Alger la somme de 360 millions de dollars. Cependant, le budget de la culture n’a atteint ces dix dernières années qu’à deux reprises le 1% préconisé par l’Unesco. Pour les réalisateurs de cette étude, «l’un des plus grands problèmes auquel a été confronté le secteur culturel en Algérie dès 1962, ce sont les disparités géographiques en matière d’offre culturelle». En effet, depuis l’indépendance, la capitale regroupe la grande majorité des activités, et ceci malgré les efforts entamés dès les années 1970 pour décentraliser l’offre culturelle. Le résultat est que «la majorité des autres wilayas, hormis les plus grandes (Oran, Annaba, Constantine), continuent de souffrir d’une léthargie culturelle aigüe». Les autres pays comme le Maroc et l’Egypte se retrouvent presque dans la même situation mais avec une meilleure répartition budgétaire et une production culturelle plus diversifiée et abondante. La Tunisie se distingue, en revanche, par son budget consacré à la culture qui n’a cessé de s’accroitre depuis 2003. Dès 2004, il a été augmenté de 30% par rapport à l’année 2003, pour atteindre 67,6 millions de dollars, soit 0,83% du budget de l’Etat. En 2012, ce budget a été de 112,2 millions de dollars, soit le budget le plus important de l’histoire de la Tunisie indépendante. L’Algérie va-t-elle connaître un bond culturel avec Constantine capitale de la culture arabe en 2015 ? Pas sûr, tant d’autres événements similaires ont déjà eu lieu et consommé des milliards de dinars sans que cela ait d’impact positif sur la culture. La production culturelle et même l’animation restent au point mort.
Sonia B.
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