L’envers du message
Par R. Mahmoudi – Entre Alger et Paris, les relations n’ont pas vraiment évolué sur les dossiers essentiels, contrairement à ce que les responsables politiques des deux pays s’échinent à démontrer, à travers des formules protocolaires et des échanges officiels qui cachent mal un profond malaise. Dans son dernier message adressé à son homologue français, à l’occasion de la fête du 14 Juillet, Bouteflika écrit que les relations avec Paris «continueront à se développer, dans le cadre du partenariat d'exception voulu par les deux pays, dans l’esprit de la Déclaration d'Alger». Qu’est-ce qui a concrètement changé depuis cette visite «historique» de François Hollande en Algérie ? La perspective d’un partenariat stratégique – tel que voulu par Jacques Chirac – s’éloigne de plus en plus, le litige historique demeure un sérieux obstacle à tout effort de rapprochement, le niveau de coopération économique et de confiance entre l’Algérie et la France est plutôt en baisse, les conditions de livraison des visas aux Algériens se sont davantage corsées, les divergences de fond sur la question des rançons n’ont fait que s’accentuer depuis l’invasion du Mali, les Français ne font aucun pas sérieux dans le sens de la pénalisation du versement de rançons aux groupes terroristes, au Sahel notamment, pour la simple raison qu’ils en sont les principaux pourvoyeurs. Il faut aussi ajouter à cela les divergences sur la question du Sahara-Occidental qui se sont aggravées. Paris continue à cautionner aveuglement les démarches de son protectorat marocain au niveau international, utilise toujours le royaume chérifien pour exercer des pressions sur l’Algérie et apporte un soutien indéfectible au pouvoir islamiste de Tunis, comme le démontre la dernière visite d’Etat de François Hollande dans ce pays, tout en continuant à être à la pointe des campagnes de soutien au mouvement de subversion syrien que l’Algérie dénonce et condamne. Alors, sur quoi Alger et Paris sont-ils d’accord ?
R. M.
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