Hypothèses autour du retour précipité de Bouteflika
La communication entourant le retour du chef de l’Etat au pays s’est avéré encore plus cafouilleuse et chaotique que celle qui avait caractérisé son long séjour à l’hôpital du Val-De-Grâce, à Paris, puis au centre de rééducation des Invalides. Si le Premier ministre a été obligé d’écourter sa visite de travail à Tizi Ouzou pour accueillir le Président, dont le retour était annoncé depuis quelques jours par de nombreuses sources, cela pourrait avoir deux explications. La première est que Sellal n’était pas tenu au courant de la date et encore moins de l’horaire de ce retour, ce qui est en soit un fait surprenant et à la fois grave, dans le sens où ceci laisse penser que les personnes en charge de ce rapatriement – sa famille ou ses proches collaborateurs – ne travaillaient pas en coordination avec l’Exécutif. La seconde hypothèse serait que l’entourage immédiat du Président n’était pas en mesure de fixer une date exacte pour ce voyage, pour des raisons liées à l’état de santé du Président qu’on sait chancelante et en butte à des rechutes imprévisibles. Ce retour «précipité» peut aussi être le résultat de recommandations express de ses proches conseillers ou de hauts responsables, ici à Alger, pour une raison donnée. D’autres raisons peuvent être à l’origine de ce cafouillage : quelque incident à Paris, une exigence du Président lui-même de rentrer au pays après près de trois mois passés loin du pays et, peut-être aussi, son intention d’annoncer des élections présidentielle anticipées. L’extrême sobriété avec laquelle l’accueil a été organisé à l’aéroport militaire de Boufarik conforte cette dernière hypothèse. De toutes les façons, la gestion opaque de cet événement est révélatrice d’une très claire distorsion dans la gestion des affaires de l’Etat. Bouteflika va-t-il remettre les pendules à l’heure ? Oui, s’il en est encore physiquement capable. Ce serait alors son baroud d'honneur.
R. Mahmoudi
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