Abdelaziz Bouteflika pourra-t-il redémarrer la machine grippée depuis son absence ?
Après le retour au pays du président Bouteflika, les Algériens attendent maintenant, personne n’en doute, son apparition en public. L’occasion lui sera certainement donnée par le Conseil des ministres qui doit examiner et adopter le projet de loi de finances complémentaire pour 2013. Ce texte, destiné à introduire quelques rectifications à la loi de finances initiale, est indispensable au fonctionnement de l’économie et plus largement du pays. Il est promulgué par le Président. Généralement, l’Ordonnance portant loi de finances complémentaire est signée en juillet par le chef de l’Etat. Il n’y a donc pas de retard en la matière. Selon le communiqué officiel rapporté hier par l’APS, le Président qui a achevé la période de soins et de réadaptation fonctionnelle doit poursuivre une période de repos et de rééducation. Mais la durée de cette période n’a pas été précisée. C’est donc l’incertitude de ce côté. Autre problème immédiat visiblement en attente : le mouvement dans le corps diplomatique. On se souvient du cafouillage créé par l’information, publiée par des journaux, vite démentie par le ministère des Affaires étrangères, concernant le mouvement diplomatique, qualifié alors du plus vaste depuis l’indépendance. «Le Président n’a pas encore pris de décision (…) dans ce domaine», avait d’ailleurs tenu à souligner Mourad Medelci qui rappelait que cette prérogative était dévolue au président de la République. Mais il n’y a jamais de fumée sans feu et la rumeur contenait suffisamment de détails pour penser que des changements dans le corps des ambassadeurs et consuls sont dans l’air. Toujours est-il que cela relève des pouvoirs que la Constitution a donnés au président de la République tout comme les nominations aux postes principaux de l’Etat – les plus hauts postes –, civils et militaires. La situation politique, quasiment en stagnation depuis plus de deux mois, comporte des aspects sur lesquels le Président a eu à intervenir par le passé, d’autant plus qu’ils concernent les partis qui le soutiennent et qui forment sa majorité au Parlement : le FLN et le RND. La crise au sein du FLN, dont il est le président d’honneur, ne s’est pas terminée avec l’éviction d’Abdelaziz Belkhadem comme l’a montré le conflit créé autour du groupe parlementaire de l’ex-parti unique. Idem pour le conflit qui a opposé redresseurs et pro-Ouyahia dans le RND. En jetant l’éponge, Ouyahia a plongé son parti dans une impasse et rien n’indique encore que l’issue est en vue. Quant au débat qui avait commencé sur la révision de la Constitution, il a été vite gelé, tout le monde ayant compris que c’était là aussi une prérogative du Président et qu’il ne servait à rien de s’agiter en l’absence de perspectives claires à ce propos. Enfin, l’échéance de l’élection présidentielle qui se rapproche impose au Président d’intervenir. Cependant, sur ces questions politiques, l’été propice plutôt aux vacances qu’à une quelconque autre activité, d’autant plus qu’il intègre sur un mois le Ramadhan, laisse un temps de répit au Président. Le plus intéressant enfin sera de savoir comment sera gérée la communication concernant l’état de santé du Président maintenant qu’il se trouve en Algérie.
Kamel Moulfi
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