Un journal dangereux
Par M. Aït Amara – L’éthique et la déontologie, dans notre métier comme dans tous les autres, s’arrête là où commence le danger pour le pays. Quand un journal à grand tirage, dont nous tairons le nom pour le moment mais qui se reconnaîtra, devient l’organe central de la secte des Frères musulmans égyptiens en Algérie, cela ne peut pas être passé sous silence, sous prétexte que nous ne devons pas égratigner un confrère. Est-il normal, en effet, qu’un média confectionné, imprimé et diffusé en Algérie consacre chaque jour trois à quatre articles pour décrier le renversement du président d’un pays étranger et s’attaquer de manière frontale et violente aux artisans de ce changement politique dans cet Etat souverain ? Est-il normal que les colonnes de ce quotidien soient constamment ouvertes aux représentants du courant salafiste égyptien pour y tenir un discours revanchard violent destiné au lecteur algérien ? N’y a-t-il pas dans cette manière de faire une volonté d’orienter l’opinion publique algérienne dans le sens d’une condamnation d’un acte politique hors de ses frontières, en faisant s’insinuer sournoisement des similitudes avec l’Algérie ? Avec le recul, nous comprenons, aujourd’hui, pourquoi et comment ce même journal a, un certain 14 novembre 2009, inventé 17 morts algériens en Egypte, suite au caillassage du bus transportant les joueurs de l’équipe nationale algérienne de football au Caire. Si, à l’époque, nous croyions à quelque précipitation due à une course effrénée au scoop, il n’est pas exclu, désormais, que cet organe de propagande islamiste ait pu agir sur «recommandation» des Frères musulmans pour pousser les Algériens à s’insurger contre l’Egypte de la «dynastie des Moubarak» et les Egyptiens contre l’Algérie des «généraux liberticides». La liberté de la presse a des limites.
M. A.-A.
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