Economie marocaine : tous les voyants sont au rouge
Avec des réserves financières nettes en forte baisse, un net ralentissement du taux de croissance à seulement 2,7% en 2012 et un coût de la vie qui a augmenté de 2,3% en juin 2013 par rapport au même mois de l'année 2012 en raison de la hausse de l'indice des produits alimentaires de 3,2% et de celui des produits non alimentaires de 1,5%, le Maroc se retrouve dans une situation économique qui n’est pas très enviable. Les dernières statistiques publiées par la Banque centrale du Maroc montrent un tableau de bord où les voyants sont au rouge. Le rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du Maroc pour l'année 2012 présenté au roi donne d’ailleurs une idée précise sur les difficultés économiques qui pointent pour le royaume. A commencer par les réserves de change (un peu plus de 13 milliards d’euros) qui s’amenuisent d’année en année. Ces réserves ont, en effet, connu une baisse significative pour la deuxième année de suite (16,7% en 2012 et 10,7 % en 2011), selon les statistiques de la Banque centrale du Maroc. Cette dernière a expliqué, dans son rapport, que ce recul est dû principalement à l'aggravation de 10,2 % du déficit commercial, ainsi qu'à la contraction de 3,8 % des transferts des Marocains résidents à l’étranger (MRE) et de 1,7 % des recettes voyages. La situation est d’autant plus critique pour notre voisin de l’ouest que ses réserves n’ont représenté que 4 mois et 2 jours d'importations de biens et services en 2012 (contre 5 mois et 6 jours à fin 2011). Ce qui avait contraint le royaume à lancer, en décembre de l’année dernière, un emprunt obligataire sur le marché financier international d'un montant de 1,5 milliard de dollars. Un montant qui s’ajoute aux deux opérations menées en 2007 et 2010 qui ont permis au Maroc d’emprunter respectivement 500 millions et 1 milliard d’euros sur les marchés financiers. Tout cela a amené plusieurs économistes marocains à s’interroger sur le risque d’un recours à un nouveau programme d’ajustement structurel pour sauver ce qui pourrait l’être. Un ancien haut cadre au ministère marocain des Finances n’a d’ailleurs pas hésité dans une tribune parue dans la presse à mettre en garde contre «la menace d’une crise économique majeure qui se profile à l’horizon si l’économie marocaine continuait sur la même lancée», dénonçant au passage «la politique économique expansionniste suivie par les gouvernements successifs marocains depuis 2008 et dont a résulté la détérioration les équilibres fondamentaux» du pays. Le rapport de la Banque centrale du Maroc met, par ailleurs, en exergue le déficit budgétaire supérieur à 7% du PIB et un déficit du compte courant de la balance des paiements de l’ordre de 10% du PIB, enregistrés en 2012.
Ce qui n’est pas pour arranger la situation, surtout que le Haut-commissariat marocain au plan vient de révéler que le coût de la vie dans le royaume a augmenté de 2,3% en juin 2013 par rapport au même mois de l'année 2012.
A. Sadek
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