La justice doit trancher
Par Kamel Moulfi – Le débat sur la peine de mort en Algérie lancé par l’odieuse affaire criminelle de l'enlèvement à Ali-Mendjeli (Constantine), le 9 mars dernier, des deux enfants Haroun et Ibrahim, âgés de 9 et 10 ans, retrouvés morts, trois jours après, resurgit dans l’actualité, à la faveur du procès des assassins ouvert aujourd’hui. Il ne s’agit pas du verdict seulement, la peine capitale n’ayant pas été abolie dans notre pays, mais de sa mise en application. On sait que depuis 1993, plus aucun condamné à mort, la plupart pour des actes de terrorisme, n’a été exécuté, comme s’ils avaient été graciés. Les deux assassins de Haroun et Brahim bénéficieront-ils de la même clémence ? Ils sont déjà condamnés à la peine capitale par la population choquée par ce crime particulièrement odieux. Nous en avions rendu compte sur le site d’Algeriepatriotique (15 mars 2013) : «à la question de savoir s’ils sont pour ou contre le rétablissement de la peine capitale (gelée depuis 1993) dans les cas d'agressions sexuelles, d’enlèvements et d'assassinats, nos lecteurs étaient très nombreux à répondre par un «oui» catégorique». Pas de pitié pour les assassins d’enfants, c’est ce qu’ont exigé les gens qui sont sortis dans la rue le 17 mars à Constantine pour crier «à mort !». C’est dire le climat dans lequel va se dérouler le procès. Les avocats eux-mêmes ont donné le «la». Ceux d’entre eux qui se sont exprimés n’ont pas réussi à éviter l’emprise de l’émotion populaire et ne cachent pas qu’ils sont favorables non seulement à la prononciation de la peine de mort mais à sa mise à exécution. Farouk Ksentini, président de la Commission des droits de l’Homme, pourtant partisan déclaré de l’abolition de la peine de mort, a dérogé à son principe pour admettre que dans certains cas jugés exceptionnels, elle soit prononcée à l’encontre des kidnappeurs et tueurs d’enfants. Mais, la question de la peine de mort peut elle être laissée à l’appréciation de l’opinion publique, sous le coup de l’émotion ? C’est à la justice que doit revenir le dernier mot.
K. M.
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