Comment un pays étranger finance «ses» médias en Algérie
Dans la pléthore de médias qui foisonnent en Algérie, il n’y a pas que l’argent de l’Anep qui a servi à renflouer les caisses de certains journaux qui ont été créés spécialement pour détourner l’argent de la publicité institutionnelle. Il existe, outre cette sérieuse entorse à la loi, des cas de financement occulte autrement plus graves, car ils portent préjudice à la sécurité de l’Etat. Le cas le plus flagrant est celui d’un pays européen qui soutient un certain nombre de médias – deux sont clairement identifiés dans la corporation, un quotidien francophone et un journal électronique – sans éveiller les soupçons des autorités. Si dans le cas de l’Anep, une enquête diligentée par le plus haut responsable des services de sécurité a abouti au limogeage d’un officier qui a longtemps couvert la presse de son ombre, dans celui du financement étranger, rien n’a été fait, tant la méthode utilisée par ce pays «bailleur de fonds» est totalement légale. L’Etat ne peut interdire, en effet, à une marque quelconque de dépenser son argent à flots dans de la publicité ni, encore moins, imposer un choix précis de titres pour ce faire. Ce qui attire l’attention des observateurs avertis, néanmoins, c’est le caractère ininterrompu de la campagne d’une marque automobile dans un seul et même journal, et l’achat d’espaces dans l’autre média électronique à chaque fois que ce dernier bat de l’aile pour lui porter secours. Des indiscrétions parlent d’un budget de plusieurs dizaines de milliards consacrés par cette firme automobile – qui s’apprête à ouvrir une petite usine en Algérie – à ces médias dont la ligne doit, en contrepartie de cette manne, concorder avec la politique étrangère du pays en question.
Karim Bouali
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