Mélange des genres
Par Karim Bouali – Bachir Messaitfa, que l’on dit proche de la mouvance islamiste, membre du gouvernement en qualité de secrétaire d’Etat chargé des Statistiques et de la Prospective, éprouve-t-il des difficultés à concilier la foi et le véritable pari sur l’avenir que constitue tout travail sur les prospectives ? Cela expliquerait pourquoi, en dehors des statistiques, il s’autoproclame, le temps d’un Ramadhan, imam. Il campe dans ce rôle pour faire la morale et donner des leçons de Ramadhan et de jeûne aux Algériens. C’est ce qui ressort d’une interview qu’il a accordée au quotidien gouvernemental Horizons. Qu’on en juge : «Le Ramadhan constitue une occasion idoine pour augmenter notre productivité, étant donné qu’on arrive à maîtriser notre temps», dit-il. Son jugement est sans appel concernant ceux qui ne travaillent pas durant le mois de carême, ils ne respectent pas les préceptes du Coran, car «ce genre de comportement est contraire aux principes de ce mois sacré, impliquant accroissement de la foi et, par ricochet, le rendement». Les pesanteurs sociales seules peuvent expliquer cette tendance à l’improvisation de prêches que se sent obligé de faire un membre du gouvernement invité à conseiller les Algériens sur le Ramadhan. Un mélange des genres qui accroît la confusion dans l’esprit des Algériens. Que le ministre des Affaires religieuses intervienne sur ces questions, rien de plus naturel, c’est sa mission au sein du gouvernement. Mais se transformer en imam et prêcheur quand on est sollicité pour dire comment justement en ce mois de Ramadhan, un membre du gouvernement comme Bachir Messaitfa, fait face à ses responsabilités gouvernementales et à sa mission de contribuer à éclairer les chemins de l’avenir de l’Algérie, c’est, pour le moins, inattendu. Quel rendement peut avoir un membre du gouvernement pendant le Ramadhan ? Le secrétaire d’Etat chargé des Statistiques et de la Prospective ne le dit pas.
K. B.
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