L’affaire Anep provoque une réaction en chaîne
La corruption est-elle partout ? Depuis que nous avons publié l’article sur la mafia de la publicité qui traite de la distribution «clientéliste» de la manne publicitaire de l’Anep et de l’enrichissement illicite qu’elle procure à certains, nous avons reçu des messages dénonçant, faits à l’appui, des cas de corruption dans plusieurs entreprises et administrations. C’est comme si notre article avait été un déclic qui a libéré chez nos lecteurs un flot d’informations longtemps ruminées faute de les faire connaître par désespoir de les voir aboutir. Aujourd’hui, il y a de bonnes raisons de penser, à titre d’exemple, que l’affaire de la mafia de la publicité soulevée par Algeriepatriotique est prise en charge convenablement et au niveau qu’il convient par les autorités. Il y va de la crédibilité de tout ce que fait le gouvernement et il n’y a pas d’autres voies pour rétablir la confiance que le citoyen a perdue en ses institutions. En fait, ces histoires de mafia et de corruption ne sont pas nouvelles. La liste des affaires évoquées par la presse, surtout après 1989, est interminable. Les lettres signées ou, le plus souvent, anonymes – accompagnées parfois de documents volumineux étayant les faits rapportés –, envoyées aux journaux, à propos de la corruption, pourraient constituer autant de dossiers d’instruction pour la justice. Les affaires portent les noms de personnes, d’entreprises ou de produits (comme la tomate, mais ce n’est pas le plus curieux), de branches d’activités comme les transports, le foncier, l’immobilier, etc. Il y a de quoi occuper les magistrats pour le restant de leur vie. On comprend pourquoi les révélations sur Sonatrach 1 ou 2, étalées dans la presse et quelquefois même évoquées dans les médias lourds (radio, télé et APS) appartenant à l’Etat, n’ont pas impressionné outre mesure l’opinion publique. En fait, chacun là où il travaille en sait plus que ce qui est donné à l’opinion publique en matière d’informations sur la corruption. On a coutume de dire, presque pour le justifier, que ce fléau est collé aux affaires, comme une fatalité. Avec la libéralisation débridée, telle qu’elle a été qualifiée par les patrons eux-mêmes, et l’ouverture totale du commerce extérieur, commencées dans les années 80 et accentuées durant les années 90, la voie était tracée pour les malversations et les détournements à travers, notamment, pour ne citer que la partie visible de l’iceberg, la pratique délictueuse des surfacturations. Mais, à ce jour, aucune sanction exemplaire contre des personnes accusées de corruption n’a été prise. Le procès Khalifa destiné à prouver qu’il n’y avait pas d’impunité a produit le résultat contraire. Le vrai problème est dans l’appareil judiciaire qui doit remplir convenablement sa fonction au service de la société. Il ne le fait pas.
Kamel Moulfi
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