Trappes : un député français dénonce le racisme d’Etat
Les récentes violences qui ont secoué la ville de Trappes, en Ile-de-France, n’ont pas suscité que des condamnations. Des voix, certes peu nombreuses, tentent aussi de se faire entendre. Des députés à l’Assemblée française veulent en effet attirer l’attention sur les questions essentielles en dénonçant, chacun à sa manière, l’islamophobie ambiante. La voix qui résonne le plus dans ce tintamarre qui stigmatise les musulmans est celle du député de la Gironde, Noël Mamère. Dans une tribune publiée sur son blog, Mamère dénonce avec véhémence les pratiques discriminatoires à l’égard des musulmans qui constituent la deuxième communauté religieuse de France. «La révolte de Trappes nous oblige aussi à réfléchir sur la vague d’islamophobie qui s’est emparée de notre pays. Le ministre de l’Intérieur, cette dernière semaine, dénonçait la multiplication des faits antimusulmans dans plusieurs villes de la périphérie parisienne, à Chanteloup-les-Vignes et à Argenteuil», écrit-il, soulignant qu’à Marseille, «la question du voile revient au centre de l’actualité et avec elle, celle de la place des musulmans dans la société». Pour ce député de la Gironde, «l’Etat a fait de l’islam – deuxième religion de France – un culte discriminé sans que le législateur tente de résoudre les problèmes vécus au quotidien par les fidèles (comme les carrés musulmans au sein des cimetières, la régulation du marché de la viande halal ou la construction des mosquées)». La meilleure illustration à ses yeux est la manière avec laquelle cette loi luttant contre les signes religieux ostentatoires est appliquée. C’est, affirme-t-il, sous ce prétexte de combattre les signes religieux ostentatoires qu’«on a privilégié la seule lutte contre le voile et inventé de nouvelles discriminations pour des femmes qui se voient doublement mises à l’index : en tant qu’arabe et musulmane, ne pouvant plus travailler dans certains établissements, et stigmatisées dans tous leurs actes quotidiens». Le pire selon lui est qu’«un racisme d’Etat, utilisant l’amalgame entre musulmans, islamistes, terroristes et immigrés, s’est lentement insinué dans la société française, préparant le terrain à des conflits de civilisations à l’échelle des territoires». C’est plus qu’inquiétant, estime-t-il, avertissant quant aux conséquences de cette situation. «Le moment est venu pour la France de prendre cette question à bras-le-corps. Si on ne lui donne pas de réponse autre que répressive, elle va nous revenir au visage comme un boomerang», prévient-il. Pour rappel, les dernières violences de Trappes se sont produites suite à un contrôle policier d’une femme voilée qui a dégénéré. La France compte environ 6 millions de musulmans, essentiellement d'origine maghrébine.
Sonia Baker
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