Voiture piégée à Tunis : le terrorisme s’installe en Tunisie
La «Révolution du jasmin», la première dans le monde arabe, vire-t-elle à la violence armée ? Après l’assassinat jeudi de l’opposant de gauche Mohamed Brahmi par des salafistes, une voiture piégée a secoué tôt ce matin la banlieue de Tunis. Plus précisément à La Goulette. L’explosion a eu lieu quelques heures avant l’enterrement de Mohamed Brahmi. Fort heureusement que l’explosion de cette voiture de service appartenant à la Garde maritime n’a pas occasionné des pertes humaines. C’est la première fois que la capitale tunisienne enregistre un tel attentat qui nous rappelle le modus operandi des terroristes islamistes. Selon le porte-parole du ministère tunisien de l’Intérieur, l’explosion de la voiture a été provoquée par une bombe de fabrication artisanale pas assez puissante pour faire de gros dégâts. Cet attentat serait directement lié à l’arrestation la veille d’un salafiste impliqué dans l’assassinat de Mohamed Brahmi. Les Tunisiens craignent ainsi l’escalade de la violence meurtrière. Une inquiétude fortement exprimée par leurs médias. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur qualifie l'acte de «criminel» et de «terroriste». «Si cet attentat n’a pas fait de morts, on doit reconnaître que les choses viennent de prendre une nouvelle tournure criminelle qui risque sincèrement de plonger la Tunisie dans un bain de sang», s’inquiète le magazine Tunivisions sur son site internet. Car, estime-t-il, «piéger une voiture appartenant à un poste sécuritaire de la Garde maritime n'est qu'une menace et un défi lancés par les terroristes à tous les Tunisiens et aux autorités». Pour d’autres journaux, il s’agit d’un attentat qui ne conjecture rien de bon pour l’avenir du pays. «Il faudra le prendre vraiment au sérieux, car cela peut bien être qualifié d'une opération-test qui en appellerait d’autres». Cet attentat à la voiture piégée est vu par les médias tunisiens comme une «déclaration de guerre» des salafistes contre l’Etat et le peuple. L’enterrement de Mohamed Brahmi, 58 ans, dans le carré des martyrs aux côtés de Chokri Belaïd, un autre opposant de gauche assassiné en février dernier, a été l’occasion pour la société civile et le camp démocratique de lancer un appel à l’union pour faire face au «terrorisme islamiste» qui s’installe en Tunisie. La crainte est grande. Et la situation risque de se corser davantage si les salafistes continuent à agir librement et impunément sur le territoire tunisien.
Sonia B.
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