Le meurtre se banalise
Par Karim Bouali – Un enfant a été retrouvé mort après son enlèvement devant le domicile familial. Une enquête a été ouverte par les services de la police en vue d'élucider ce meurtre. Ces lignes sont devenues récurrentes dans la presse algérienne suivies de la sempiternelle question : faut-il rétablir la peine de mort dans le cas d’enlèvement et d’assassinat d’enfants ? Indifférents au débat qui agite la société sur ce thème, les criminels qui s’en prennent aux enfants continuent d’agir, comme s’ils ne craignaient aucun châtiment. Chez les Algériens, les parents en premier lieu, il y a un sentiment de peine devant les drames qui touchent les autres et en même temps de peur à l’idée que leurs propres enfants soient les prochaines victimes. Mais l’ambiance est à la fatalité, teinte de désespoir, favorisée par la banalité. L’assassinat de Nadia, la fillette de Mostaganem, a été perpétré juste après le procès des meurtriers des enfants Haroun et Ibrahim de Constantine, et leur condamnation à mort comme l’exigeait l’opinion publique quasiment unanime sur ce verdict. Mais le procès a été expéditif, sans couverture médiatique suffisante et à la mesure de l’événement, comme si on voulait éviter tout retentissement de cette affaire et mettre le pays à l’écart du débat. Or, ce débat sur un phénomène dont tout le monde dit qu’il a pris de l’ampleur est incontournable. Les spécialistes n’ont pas encore dit leur mot sur les kidnappings d’enfants suivis d’assassinats en dehors des opinions exprimées sur la question de la peine de mort. Que faire pour prévenir et réduire les facteurs qui favorisent le crime dans la société algérienne, et ce crime en particulier ? On ne le sait pas encore. Résultat, l’assassinat commis dans la petite bourgade de Mostaganem n’a pas fait l’objet d’un traitement médiatique conforme à l’émotion suscitée dans le voisinage et chez tous ceux qui en ont pris connaissance. Encore une fois, la médiatisation limitée a porté surtout sur la peine de mort. L’affaire des enfants de Constantine remplissait, on s’en souvient, les pages des quotidiens nationaux, les écrans des chaînes nationales de télévision privées et publiques, et les sites électroniques d’information. C’était le sujet d’actualité et tous, journalistes et spécialistes, ont contribué à en faire une question à traiter de toute urgence, au point de créer un véritable climat de psychose chez les gens. Est-ce cela que l’on veut éviter en banalisant le crime de Mostaganem ?
K. B.
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