De quoi je me mêle ?
Par Kamel Moulfi – C’est le sens de la réponse apportée par les intellectuels égyptiens à une poignée d’islamistes algériens qui se prétendent intellectuels et qui, à ce titre, veulent faire croire qu’ils expriment l’opinion de leurs compatriotes en exigeant, dans une pétition, du gouvernement d’adopter des postions hostiles au nouveau pouvoir en Egypte. Les intellectuels égyptiens ont été obligés de mettre les points sur les «i» et revenir à ce qui relève de la perception élémentaire des faits : ce sont 33 millions d’Egyptiens qui ont demandé à Morsi de partir, et c’est devant le refus de celui-ci de quitter le pouvoir et le risque d’affrontements et de pourrissement de la situation qui se présentait que l’armée égyptienne est intervenue. Ce n’est pas un coup d’Etat, est-il expliqué à cette poignée d’intellos qui sont d’ailleurs vite situés idéologiquement et politiquement par les intellectuels égyptiens qui les assimilent aux Frères musulmans. Ce qui s’est passé est une révolution populaire qui a procédé à un transfert du pouvoir vers un gouvernement civil provisoire en écartant Morsi et les Frères musulmans qui ont perdu toute légitimité. La pédagogie dont usent les intellectuels égyptiens ne les dispense pas du langage de fermeté quand ils refusent à quiconque de s’ingérer dans les affaires intérieures de leur pays et, pis encore, de s’attaquer à leur armée et à son chef. La médiocrité de la poignée d’intellos islamistes algériens qui ont signé la pétition n’a d’égale que leur profonde ignorance des réalités égyptiennes et des faits qui marquent les événements dans ce pays. Ce sont les Frères musulmans qui se sont mis en marge d’une démarche de retour à la paix et à la stabilité telle qu’elle a été proposée par l’armée. Ils ont d’emblée rejeté les appels au dialogue et à participer au gouvernement, et donc à la transition vers de nouvelles élections. En fait, ils savent très bien qu’ils ont perdu toute crédibilité auprès des Egyptiens et que leur règne, éphémère, est bien fini. Avec cette fin, se confirme celle des illusions pour les Frères musulmans en Algérie alors qu’en Tunisie, ce n’est qu’une question de temps.
K. M.
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