L’Algérie répond au roi du Maroc : «Le nouvel ordre maghrébin doit être conçu sur la base d’engagements concrets et irréversibles»
Comme l’on pouvait s’y attendre, les accusations proférées une nouvelle fois par le roi du Maroc contre l’Algérie, et dans lesquelles il martelait une soi-disant responsabilité de notre pays dans le blocage des négociations dans le dossier du Sahara Occidental, ne sont pas restées sans suite du côté d’Alger. Dans une déclaration à Algeriepatriotique, une source diplomatique qualifie, en effet, ces accusations «d’affirmations totalement infondées», expliquant que la résolution 2009 (2013) sur le Sahara Occidental adoptée le 25 avril 2013 par le Conseil de sécurité, à laquelle se réfère ce passage du discours en question (du roi, ndlr), interpelle 21 fois les «parties» au conflit, à savoir le royaume du Maroc et le Front Polisario. «On est donc très loin de la soi-disant dimension régionale du différend et de la prétendue responsabilité de l’Algérie invoquées par le discours auquel vous faites référence», estime notre source qui préfère répondre au discours de Mohammed VI en développant une argumentation loin de la logique de la polémique stérile et des mensonges dans lesquels la partie marocaine semble exceller. Notre source invite pour ce faire les lecteurs d’Algeriepatriotique à lire la résolution en question sur le site du Conseil de sécurité des Nations unies pour vérifier le nombre d’occurrences relatives aux «parties» au conflit. «Cette résolution indique clairement que l’envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, mène une action de facilitation des "négociations" entre le Maroc et le Front Polisario et qu’il mène des "consultations" avec les Etats voisins», relève notre source, précisant que ces derniers «interagissent notamment avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés sous le seul angle visant le renforcement des mesures de confiance entre les deux parties au différend». Et lorsque le souverain marocain parle d’«obstination des autres parties» dans une tentative d’expliquer le blocage des négociations pour le règlement du conflit du Sahara Occidental, à Alger on estime que «l’obstination est à chercher plutôt du côté de la partie marocaine dont la responsabilité est expressément épinglée au paragraphe 7 de ladite résolution». La même source relève, d’ailleurs, que ce pays, le Maroc en l’occurrence, refuse de se conformer à ses obligations découlant du droit international et de négocier, de «bonne foi et sans condition préalable» afin que les deux parties parviennent à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable. Une solution qui, poursuit notre source, «pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental et qui soit conforme aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies». «Ceci constitue exactement la substance de toutes les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité sur la question du Sahara Occidental», note notre source. Et lorsque Mohammed VI évoque un nouvel ordre maghrébin, à Alger on n’éprouve pas de sympathie particulière aux donneurs de leçons. «Le nouvel ordre maghrébin ne se décrète pas à la seule faveur des évolutions circonstancielles intervenues au niveau régional, mais il doit être conçu et mis en œuvre sur la base d’engagements concrets, sincères et irréversibles en matière de bon voisinage, de coopération de bonne foi et d’intégration économique graduelle et pragmatique», réplique-t-on à la sortie du souverain marocain, qui tente de noyer le poisson dans l’eau.
Amine Sadek
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