Les terroristes tunisiens adoptent les méthodes du GIA
Le mode opératoire des groupes terroristes tunisiens comporte plusieurs indices sur leur composition, leurs objectifs à court terme et leur affiliation. L’embuscade tendue avant-hier dans la région de Jebel Chaâmbi, près de la frontière algérienne, contre une patrouille de l’armée tunisienne, démontre que les actions armées n’en sont qu’à leur début. Des experts militaires algériens chevronnés dans la lutte antiterroriste, ont expliqué à Algeriepatriotique que le choix de l’embuscade pour s’attaquer à des soldats n’est pas fortuit. En effet, les terroristes tunisiens adoptent la même méthode que les groupes islamistes armés (GIA) algériens dans les années 90. Leur premier objectif étant de récupérer des armes de guerre, mais également de semer la terreur aussi bien dans les rangs de l’armée que parmi la population en égorgeant trois des soldats tués dans l’embuscade. Par ailleurs, ajoutent nos sources, le fait que les soldats tués aient été retrouvés dénudés, indique que les terroristes pourraient envisager de dresser des faux barrages, déguisés en soldats, pour s’adonner au racket dans le but de collecter de l’argent et, dans le même temps, repérer des «cibles à abattre» une fois identifiées. Deuxième élément important, le choix fait par les terroristes de recourir à un attentat à la voiture piégée en pleine capitale. Nos sources avancent trois hypothèses : soit les terroristes n’ont pas encore acquis une maîtrise suffisante dans la confection des engins explosifs, soit ils n’en ont pas encore les moyens, soit ils ont choisi de terroriser les populations civiles sans attenter à leur vie, concentrant leurs actions armées sur les membres des forces de sécurité. Troisième élément : les assassinats ciblés. Deux leaders politiques ont été assassinés, tandis que des informations sûres nous apprennent que des listes de personnes menacées de mort ont d’ores et déjà été confectionnées et que les services de sécurité tunisiens ont alerté les cibles potentielles pour qu’elles prennent leurs dispositions. Une protection leur a même été proposée. Il apparaît clairement que les groupes terroristes actuels, que ce soit en Tunisie, en Libye, au Mali, en Egypte ou en Syrie, marchent sur les traces du GIA auquel ils ont emprunté les méthodes. Quels que soient le nom de ces groupes et leur champ d’action, leur caractère criminel brutal est le même. Ceci s’explique par l’internationalisation du terrorisme islamiste dont les éléments armés sont recrutés sur la base de l’endoctrinement religieux et non pas en fonction de la nationalité, même si l’appartenance géographique joue un rôle d’émulation néfaste, les terroristes d’un pays donné voulant prouver qu’ils sont plus aptes au djihad que leurs compères. L’appartenance géographique donne lieu également à une course au leadership. C’est ainsi que nous avons vu des groupes terroristes s’entretuer dans les maquis algériens. La question qui se pose pour le cas tunisien, c’est de savoir ce que comptent faire leurs services de sécurité face à cette déferlante terroriste qui s’abat sur le pays, alors que son armée et sa police ne sont pas préparées à la lutte contre ce phénomène dévastateur. Là aussi, deux hypothèses sont avancées par nos sources : la Tunisie pourrait solliciter l’aide directe de l’Algérie pour traquer les groupes armés ou recourir à une coopération avec des pays occidentaux pour l’entraînement et l’équipement de ses différents corps de sécurité. Quel que soit le choix des Tunisiens, il faudrait qu’ils fassent vite.
M. Aït Amara
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