Au service du système
Par Kamel Moulfi – Il n’est pas exagéré de dire d’Ahmed Benbitour qu’il est l’homme de l’ultralibéralisme. Ses thèses sont proches de ce que préconise la Banque mondiale et entièrement à l’opposé des valeurs portées, à ce jour encore, par la lutte de libération nationale contre l’occupation coloniale. L’ancien chef de gouvernement, nommé après l’élection de Abdelaziz Bouteflika en 1999, est candidat à l’élection présidentielle d’avril 2014 et, dans cette course au koursi, il ne perd aucune seconde ni aucune occasion pour alimenter sa campagne. Pourtant, ceux qui connaissent Benbitour estiment que son parcours au service du système – et non pas de l’Etat, comme il veut le faire croire dans sa tentative de faire oublier que justement le système s’est accaparé l’Etat – le disqualifie dans cette compétition. En rejoignant l’opposition une fois qu’il lui a été signifié qu’il n’avait plus sa place dans le système, Benbitour doit penser que mieux vaut tard que jamais. Mais c’est trop tard. Il s’est intégré très tôt dans le système qui l’a servi et qu’il a servi, à différents échelons, jusqu’à occuper des postes dans le gouvernement puis à la tête de celui-ci. On ne lui connaît pas de prise de position solidaire en faveur des victimes de l’arbitraire (arrestations, tortures), on ne connaît pas sa position pendant les manifestations d’octobre 1988, on ne se rappelle pas qu’il ait condamné le terrorisme ou participé à une quelconque manifestation antiterroriste. On peut deviner pour qui il a voté aux élections présidentielles d’avril 1999, puisqu’il était un des conseillers du président Bouteflika, avant d’accepter d’être chef de gouvernement, nommé puis dégommé par Bouteflika. A ce poste, il n’a pas montré de compétences particulières. Le document qu’il a présenté en guise de programme reflète les insuffisances d’Ahmed Benbitour dans l’approche des problèmes que rencontre le pays. Il pense que l’art de l’esquive et de l’échappatoire, dans lequel il excelle, peut lui épargner le vrai débat hors système. Il a sans doute compris que c’était une illusion lors de la récente rencontre à l’espace Plasti des «Mille et une news».
K. M.
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