Mohammed VI décore un activiste pro-israélien et gracie un Espagnol violeur d’enfants marocains
Le souverain marocain a choisi une journée symbolique, la fête du Trône, pour prendre deux décisions qui feront date et qui suscitent déjà des remous dans son pays. Mohammed VI a d’abord décoré Malcolm Hoenlein, figure connue du lobby pro-israélien, qui dirige la Conférence des présidents des grandes organisations juives des Etats-Unis. Décoré à plusieurs reprises à Jérusalem pour ses actions, il est également détenteur du titre de «Defender of Jerusalem», qui récompense «les personnalités qui ont démontré leur soutien et leur engagement à l'Etat d'Israël et sa "capitale", Jérusalem». L’organisation que le souverain alaouite, qui est aussi président du comité d’El-Qods, vient d’honorer à travers son président s'apprête à lancer au mois d'août une vaste campagne de communication pour contrer l'action du mouvement pro-palestinien BDS (boycott, désinvestissements, sanctions), qui appelle à un boycott mondial des produits israéliens. Au Maroc, si les médias évitent de se focaliser sur ce qui s’apparente à un véritable scandale politique, des réactions bien que timides commencent par s’exprimer. Ainsi, quatre groupes parlementaires, appartenant à des partis de la coalition et de l’opposition, ont pris l’initiative de déterrer un projet de loi sur la criminalisation de la normalisation avec Israël. Coïncidence ou calcul, cette initiative des députés vient relancer le débat sur les rapports troubles que la monarchie entretient avec l’entité israélienne. Autre bourde commise à la même occasion par Mohammed VI : sa décision de gracier un violeur d’enfants espagnol notoire, condamné à trente ans de prison ferme. La décision a été rendue au lendemain de la visite «historique» du roi d’Espagne, Juan Carlos, qui, selon des indiscrétions, aurait obtenu l’élargissement de 48 prisonniers espagnols détenus dans les prisons marocaines pour divers délits. Ce pédophile a été jugé coupable d’avoir violé des enfants et de les avoir filmés dans des positions impudiques. Sa condamnation par le tribunal de Kenitra, en mai 2011, a été accueillie avec un grand soulagement par les proches des victimes et la société civile. Selon les dernières informations provenant du royaume chérifien, des organisations ont appelé à protester contre sa remise en liberté. Les Algériens, eux, s’offusqueront davantage de cette mansuétude sélective, en rappelant, à cette occasion, que ce même souverain a refusé la grâce au jeune Islam Khoualed, âgé de 14 ans, condamné par la justice de son pays à un an de prison ferme. On apprend aussi que parmi les personnes concernées par l’élargissement ordonné par le roi, figure un grand trafiquant de drogue espagnol arrêté en 2012 au port de Tanger, en possession de 9 tonnes de drogue qu’il s’apprêtait à exporter vers l’Europe.
Lina S.
Comment (29)