Une délégation tunisienne bientôt à Alger pour désamorcer la crise
Le gouvernement tunisien semble mesurer la gravité de la campagne d’hostilité contre l’Algérie menée par des animateurs politiques proches de la mouvance islamiste. Après avoir réagi par le biais de communiqués et par voie de presse pour se démarquer de cette campagne, le gouvernement compte dépêcher dans les tout prochains jours une délégation de son ministère des Affaires étrangères en Algérie pour éviter une crise diplomatique. Cette information a été communiquée aujourd’hui vendredi par Leila Bahria, secrétaire d'Etat auprès du MAE tunisien, à une radio locale qui regrette que des Tunisiens s’attaquent gratuitement à la «grande sœur Algérie». La mission de cette délégation ministérielle est précise : désamorcer la «mini-crise avec l’Algérie» et «dissiper les malentendus». La secrétaire d’Etat dénonce vigoureusement l’irresponsabilité des politiciens et journalistes ayant déclenché cette campagne de dénigrement. Elle dément aussi toute implication de l’Algérie dans les actes de terrorisme perpétrés en Tunisie et considère la réaction de l’Algérie à ces accusations comme «tout à fait légitime». Leila Bahria rappelle que l’Algérie a été la première à connaître les affres du terrorisme et sait pertinemment que sa sécurité dépend également de celle de ses voisins, dont la Tunisie. Elle affirme que les relations entre les deux pays ont toujours été solides et profondes et qu’il y avait une étroite coopération en matière de lutte contre le crime organisé et le terrorisme. «Cette petite crise n’est qu’un nuage d’été qui va se dissiper rapidement», espère-t-elle. Leila Bahria appelle ainsi les Tunisiens, journalistes et politiciens à être «prudents» et «responsables» en évitant notamment de colporter des allégations mensongères et infondées qui «peuvent nuire aux relations fraternelles» avec l’Algérie. Cette «mini-crise» a éclaté suite à des articles publiés par des journaux et sites tunisiens, et des propos tenus sur des plateaux de télévision, mettant en cause l’Algérie quant à la détérioration de la situation sécuritaire en Tunisie, marquée par la multiplication des actes terroristes. Des accusations et propos rapportés par Algériepatriotique dans un article qui n’a pas manqué de susciter une réaction en chaîne. D’abord, celle des autorités algériennes à travers le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, dénonçant ces «allégations scandaleusement mensongères» et, ensuite, celle du MAE tunisien qui a exclu toute implication de l’Algérie dans les récents événements et dans tout acte menaçant la sécurité et la stabilité de la Tunisie. Parallèlement à la réaction officielle tunisienne, le leader du mouvement tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, s’est senti contraint d’appeler ses partisans à «cesser de mettre en péril les intérêts supérieurs de la nation». Le gouvernement, dominé par la mouvance islamiste d’Ennahda, va ainsi tenter de réparer les dégâts pour que les relations bilatérales n’en prennent pas un coup et que l’Algérie poursuive son aide et soutien multiforme à l’Etat tunisien.
Sonia Baker
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