Les Etats-Unis craignent un nouveau 11-Septembre
Un message d’Ayman Al-Zawahiri, chef d’Al-Qaïda, accusant frontalement les Américains d’avoir déposé le président égyptien Morsi, a suffi pour mettre en état d’alerte les Etats-Unis. La Maison-Blanche réagit. Barack Obama ordonne de prendre «toutes les mesures nécessaires» pour faire face à la menace terroriste d’Al-Qaïda. Le département d’Etat décide ainsi, par précaution, de fermer ses représentations diplomatiques dans une vingtaine de pays arabes et musulmans, jugés à haut risque. La mesure concerne notamment les ambassades américaines à Bahreïn, en Israël, en Jordanie, au Koweït, en Libye, à Oman, au Qatar, en Arabie Saoudite, au Yémen, en Afghanistan, en Egypte, à Abu Dhabi ou encore au Bangladesh. Celle d’Alger sera également fermée demain dimanche. Les ambassades américaines au Maroc et en Tunisie sont fermées de fait, puisqu’elles ne travaillent pas les dimanches. Les Etats-Unis évoquent des «raisons de sécurité pour protéger leurs employés et ceux qui pourraient visiter ces bâtiments». Sans fournir plus d’informations. Certains observateurs lient ces mesures à ce qui s’est passé en septembre 2012 en Libye, où l’ambassadeur américain a péri dans une attaque terroriste contre le consulat de Benghazi. Un drame qui a marqué les esprits aux Etats-Unis et qui a suscité une avalanche de critiques à l’égard du Département d’Etat accusé d’avoir sous-estimé le risque. Mais est-ce suffisant pour justifier cette «grosse panique» qui s’est emparé de l’Administration américaine ? Que nous cache-t-on ? Selon la chaîne de télévision CBS News, cette décision de fermeture des ambassades américaines dans plusieurs pays musulmans a été prise en raison d'informations recueillies par les services de renseignement américains concernant un projet d'Al-Qaïda de mener des attaques contre des représentations consulaires au Proche-Orient. Deux pays sont principalement ciblés par ce nouveau plan terroriste : l’Arabie Saoudite et l’Egypte. Cette chaîne ne donne pas d’indices sur les lieux ciblés, mais elle parle d’intérêts américains dans ces deux pays. La même chaîne, en se référant à une autre source anonyme, évoque «un véritable complot en gestation et pas seulement les habituelles discussions entre terroristes sur des attaques qu'ils aimeraient réaliser». Un complot qui ressemblerait à celui exécuté le 11 septembre 2001 et qui avait ciblé le cœur des Etats-Unis, Manhattan, à New York. La dernière alerte du genre remonte à l'année dernière, au moment de l'anniversaire des attentats du 11 septembre. Mais les Américains n’ont pas recouru à la fermeture de leurs ambassades. Cette fois-ci, ils l’ont fait pour ne faire prendre aucun risque à leurs personnels, estiment certains spécialistes qui parlent de mesures radicales qui renseignent sur le degré de «sérieux» de cette menace terroriste. Il est clair que les Américains ne donnent pas tout sur la nature de cette menace, ni même sur son envergure et les moyens qui risquent d’être utilisés. Mais si l’on se réfère à un rapport élaboré en février dernier, de nombreuses ambassades américaines ne sont pas suffisamment sécurisées. 27 d'entre elles violeraient les standards en la matière. Les Américains craignent-ils que «le printemps arabe» leur revienne en pleine figure ?
Sonia Baker
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