Peuple digne, roi soumis
Par Kamel Moulfi – Personne n’arrive encore à admettre qu’un tel fait aussi scandaleux puisse se produire chez nos voisins de l’ouest : le souverain marocain a décidé de gracier un violeur d’enfants espagnol, condamné à trente ans de prison ferme. Il ne faut pas aller loin pour trouver l’explication : la décision a été rendue au lendemain de la visite du roi d’Espagne. Inutile, également, d’insister longtemps pour faire comprendre qu’en Algérie, jamais pareille situation ne se serait produite. Aucune pression extérieure, quel que soit son rang, n’aurait sauvé de la peine capitale ce délinquant et encore moins aurait réussi à le faire bénéficier d’une grâce. La dignité du peuple marocain n’est pas, ici, mise en cause : non seulement la condamnation du violeur d’enfants, en mai 2011, avait été accueillie avec un grand soulagement mais déjà des organisations ont appelé à protester contre la remise en liberté du violeur d’enfants. Le peuple n’y est pour rien, les Marocains eux-mêmes sont victimes de la politique économique libérale qui leur est imposée de longue date et qui fait que le Maroc a accepté la place qui lui a été donnée dans la division internationale du travail : lieu touristique dominé par la pédophilie et la prostitution dont profitent les visiteurs étrangers. Les Etats-Unis, la France et les autres pays de l’Otan veillent à ce que le royaume chérifien ne sorte pas de cette situation de pays colonisé sous de nouvelles formes. A la différence de l’Algérie, dont l’indépendance n’est pas négociable, le Maroc reste un pays fortement dépendant. Le résultat se résume en deux mots : la misère sociale, qui fait côtoyer dans un contraste indécent et révoltant un étalage de richesse chez une minorité de privilégiés qui servent le Makhzen et le dénuement total pour le reste de la population. La pédophilie et la prostitution généralisées dans le royaume chérifien n’est que la conséquence de la politique de soumission aux intérêts occidentaux. Contre la volonté de son peuple qui demande du pain et du travail, pour assurer sa dignité, le Makhzen se lance dans des dépenses inutiles en achat d’armements pour imiter son voisin de l’est et en réalisations de prestige (le TGV parce que le voisin de l’est a construit le métro) au prix d’un endettement dont seule la population et en premier lieu les pauvres auront à en subir les conséquences. En fait, le Makhzen affame son peuple à coups de lignes de crédits qui hypothèquent son indépendance et sa souveraineté chaque jour un peu plus. A terme, le Maroc risque de se retrouver dans une situation économique et sociale inextricable si le peuple ne réagit pas pour arrêter les frasques de son roi, de toute façon illégitime. Le réveil sera brutal pour le monarque.
K. M.
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