Ministre inquisiteur ?
Par Kamel Moulfi – Le ministre des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamallah, a réagi d’une façon pour le moins maladroite face à l’action des non-jeûneurs qui ont décidé – fait sans précédent et inimaginable, il y a même quelques jours – de «casser le carême», comme on dit, en public, dans une action qui se veut une manifestation de protestation contre la répression à l’égard d’autres personnes surprises alors qu’elles mangeaient pendant la journée durant ce mois de Ramadhan. Cela s’est passé à Tizi Ouzou et le ministre a cru facile, à coups de chiffres qui relèvent de la démographie de la région, de démontrer que les non-jeûneurs qui ont osé se conduire ainsi ne sont qu’une petite minorité. De ce fait, par sa manière de condamner cet acte, sans chercher à le comprendre, le ministre s’est conduit comme un intégriste, en tout cas il a cherché à satisfaire les islamistes dans la voie de l’intolérance. Ce n'est pas le rôle d'un ministre de semer la discorde entre Algériens. Le commentaire qu’il a fait peut être assimilé à un appel indirect aux fanatiques et extrémistes islamistes et il n’en manque certainement pas, y compris dans cette région de la Kabylie, pour punir cet acte. Le rôle d'un ministre du culte (si rôle il y a), c'est de gérer les pensions des imams et la construction des mosquées… Bref, son rôle est purement administratif. Il n'a pas à invectiver une catégorie de citoyens au profit d'une autre. Qu'il nettoie d'abord les mosquées des salafistes devant lesquels il fait montre d'une frilosité honteuse. Cela dit, il faut préciser, ici, que nous ne partageons forcément pas la façon d’agir des non-jeûneurs qui ont cassé le jeûne en public dans un acte de défi, bien que nous comprenions leur ras-le-bol et leur refus de l’intolérance ambiante. Mais pour faire reculer l’intolérance parmi les Algériens et les amener à accepter les différences, il y a d’autres voies plus longues peut-être, mais certainement plus efficaces.
K. M.
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