FLN : militants «sincères» et milliardaires «corrompus» s’affrontent
Les rencontres se multiplient ces jours-ci au Front de libération nationale (FLN). Pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le parti depuis la destitution de Abdelaziz Belkhadem en janvier dernier, des cadres et membres du comité central, dont on dit qu’ils sont nombreux, mettent sur la table des discussions l’option d’une direction collégiale. Cette option a déjà fait l’objet d’une première réunion samedi dernier sur les hauteurs d’Alger. Une réunion de haute facture qui a regroupé la majorité des ténors du parti. Etaient présents, entre autres, à cette rencontre Abdelkrim Abada, chef de file des redresseurs, Rachid Boukerzaza, ancien ministre de la Communication, El-Hadi Khaldi, ancien ministre de la Formation professionnelle, Mohamed-Seghir Kara, ancien ministre du Tourisme, Abdelkader Bounekraf, Mohamed Abada, Mustapha Cherchalli, Mohamed Bourrezane, 1er SG de l’UNGEA, Abdekader Cherrar, Chawki Meziane et bien d’autres membres influents au sein du comité central. En l’absence d’un candidat consensuel, ces cadres du parti estiment qu’aller vers une direction collégiale d’une dizaine de membres reste une «proposition sérieuse» pour une sortie de crise. «Les participants à cette rencontre semblaient emballés par cette idée qui commence à circuler dans les coulisses du parti. Une deuxième rencontre élargie à l’ensemble des membres du comité central et des élus, aura lieu la semaine prochaine. Nous aurons à débattre de cette proposition qui me semble la plus adaptée dans le contexte de crise actuelle», a affirmé à Algeriepatriotique Mohamed-Seghir Kara qui fait partie des initiateurs de cette démarche. Pour lui, cette direction collégiale comprendra entre 15 et 19 membres qui seront choisis par le comité central. La direction collégiale, en plus de prendre en charge la gestion organique du parti, va préparer le terrain pour la tenue rapide d’un congrès extraordinaire, souligne-t-il. La tenue d’un congrès extraordinaire est motivée par le fait qu’un tiers des membres du comité central n’ont rien à voir avec le parti. «Ce sont ceux qui ont été cooptés par l’ancien secrétaire général pour diverses raisons, dont celle liée au financement de ses activités partisanes et ses futurs projets politiques dont la candidature à la présidentielle de 2014», souligne notre interlocuteur qui dénonce «ceux qui mènent actuellement campagne pour des personnes mêlées à des affaires scabreuses de détournement de deniers publics». «Détrompez-vous, il n’y a aucun soutien pour ces personnes dont les noms circulent dans les journaux. Au contraire. Le lobby de l’argent cherche à imposer d’une manière ou d’une autre un candidat qui lui garantira la continuité. Ce sont ces gens-là qui sont derrière ces campagnes médiatiques inutiles. Car nous n’accepterons jamais que des personnes soupçonnées de fraude ou de corruption prennent la direction du FLN», tranche-t-il. Ni Amar Saïdani ni Mohamed Boumehdi ne sont adoubés pour le poste de secrétaire général. C’est, d’après lui, une grosse supercherie de ceux qui cherchent à semer la confusion dans l’esprit des militants. Selon M. Kara toujours, le FLN est aujourd’hui divisé en deux : «Il y a les patriotes nationalistes qui cherchent à avoir une direction composée de vrais cadres militants, compétents, honnêtes et fidèles aux principes fédérateurs du parti. Et il y a, de l’autre côté, ceux qui manœuvrent à coups de milliards pour maintenir le parti sous leur contrôle pour mieux servir leurs propres intérêts.» Entre les deux, c’est une guerre ouverte. Cette guerre que ces deux camps se livrent depuis plus de trois ans mine le parti et fait fuir de nombreux militants sincères. Le FLN, qui s’enfonce dans ses luttes intestines, perd graduellement sa base militante. D’où, pour Mohamed-Seghir Kara, l’urgence de refonder le parti. Cela, surtout que l’échéance présidentielle approche. Et un parti comme le FLN, même s’il ne présente pas son propre candidat, constitue un instrument incontournable pour la «réussite d’une telle élection».
Sonia Baker