Qui a mis le nom du pédophile dans la liste des prisonniers à gracier ?
C’est à cette grande question que les Marocains vont désormais s’atteler à répondre, dans leur quête éperdue d’une compréhension des dessous de l’affaire et des responsabilités dans ce scandale. Les premiers éléments de réponse sont fournis par le quotidien espagnol El Mundo qui, citant des sources très au fait du dossier, vient de révéler que l’ambassade d’Espagne à Rabat aurait introduit une liste de 18 détenus espagnols qu’elle souhaitait voir graciés par le roi du Maroc à l’occasion de la fête annuelle du Trône, mais qui ne contenait pas le nom du pédophile Daniel Galvan. Ce dernier figurait néanmoins, selon le journal, sur une autre liste de 30 prisonniers que l’ambassade souhaitait voir rapatriés en Espagne pour pouvoir purger leur peine «près des leurs». «Le roi, explique le journal, en voulant montrer sa grande magnanimité et ses bonnes intentions pour améliorer ses relations avec le voisin ibérique, a décidé de gracier les deux catégories en même temps.» Ces nouvelles révélations viennent relancer le débat sur la part de responsabilité qu’assume le souverain marocain dans cette affaire et tranche avec ce que le communiqué du palais royal essayait de faire croire, en affirmant que «Sa Majesté n’a pas été informé des crimes odieux» commis par le pédophile Daniel Gavlan. Il faut attendre la suite qui sera donnée à la demande marocaine d’extrader l’homme par qui le scandale est arrivé. Des émissaires marocains seront dépêchés aujourd’hui mardi en Espagne pour étudier les conditions – et probablement aussi la contrepartie – de son extradition. Il y va de la crédibilité du royaume et, plus particulièrement, de celle du roi. En attendant les résultats de cette mission, Mohammed VI tente de nouveaux gestes d’apaisement en limogeant un responsable subordonné, à savoir le directeur général de l’administration pénitentiaire. Un fusible pour éviter que la colère de la rue balaie une monarchie fragile.
Lina S.
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